Il était une fois...

Il était une fois une petite histoire qui allait naitre sur le forum pour le sauver de la dessertification...


A vous de jouer^^ et "soyez brillant"

mais ses premières heures furent bien difficiles... elle se sentait toute menue face aux grandes discussions de plus de 50 pages. Personne ne s'interessait à elle. C'est alors que revinrent quelques anciens aficionados qui se sentaient touchés face à une telle détresse...

... et qui se motivèrent pour la mettre en confiance face aux autres géants qu'étaient le "racontage de se life" et autres "dire de la merde"...

Elle s'interogea alors sur la direction qu'elle allait prendre... Elle se demanda si elle allait se transformer en thriller, en aventure de science fiction, en histoire bien gore et bien dégueulasse, en conte traditionnel du Québec, en énigme policière, en bataille moyennageuse mettant en jeu des barbares sanguinaires armés de marteaux de guerre, en tribulation d'un mage en Aurient, en aventure terriblement romantique, en fable de la fontaine, en biographie... Bref, toutes les portes lui étaient ouvertes...

Et c'est ainsi qu'elle décida de...

...devenir une histoire unique en son genre, parlant de gens comme nous, mais differents de nous vivant dans un monde comme le notre mais différent du notre...
Tout commença un matin, quand Ningen se réveilla...

... et vérifia que ses membres étaient bien à la bonne place. Quand il en fut convaincu, il posa son index sur le bouton "off" de la sonnerie de la machine-coq qui sonnait normalement à 07 21. Il préférait que Salÿ ne soit pas réveillée tout de suite. Il aurait le temps de lui amener le petit déjeuner au lit, puis de prendre la machine-charriot pour aller au travail ...

... Seulement, il ne pouvait alors pas se douter qu'aujourd'hui ne serai pas un jour comme les autres. Il se surprit tout d'abord à vouloir se rendormir pour faire une grasse matinée... Mais son cerveau se remit en marche normalement après quelques instants de flottement. Il mit ses charentaises trouées et se leva pour aller pisser un coup, comme tout les jours, même heure, même endroit. C'est alors que...

le petit bonhomme en mousse

s'élance, rate le plongeoir, tombe dans le trou des chiottes et s'écrie : " Ningen, les bonhommes de neige tombent du ciel non assemblés, mais qu'en est-il pour les bonhommes en mousse ? "
L'interpellé reste stupéfait, puis, se parlant à lui-même : Depuis quand les bonhommes en mousse parlent-ils? Je ne suis vraiment pas bien réveillé moi...

Et il tira la chasse...
Mal lui en prit car ...

Ca serait mieux si on mettait chacun trois ou quatres mots..... Pasque là, ca fait trop d'trucs à lire!

Décidément des fantômes flottaient dans l'esprit de Ningen. Il sortit des toilettes. Ce ne serait peut être pas une journée comme les autres après tout.
Il partit pour le centre de traitement des consciences erronées dès que Salÿ eut fini de déjeuner.
La machine-charriot grise et ancienne l'attendait dans la méca-étable, Ningen s'installa aux commandes et mis en route les 38 Chevaux-Plasma du moteur. Il allait passer par l'airway Bouchard, afin d'éviter les bouchons de la maxiway.
Il eut un sourire nostalgique en passant devant l'académie de psychomathématiques, où il avait passé deux ans, puis le paysage routinier le dégrisa avant qu'il n'arrive à destination...



(Hors texte : ceux qui veulent continuer l'histoire le font, ceux qui trouvent que c'est trop long à lire n'ont qu'à en poster une nouvelle, ou on fera plus des "Cadavres Exquis". Over. )

Il arriva devant le grand batiment sombre et gris des consciences erronées, centre de traitement et de rééducation des esprits aux idées dangeureuses dans lequel il travaillait depuis deux ans déjà .
Comme tout les jours, il gara sa machine dans le métal - emplacement et se dirigea d'un pas déterminé vers son bureau où de nombreux psycho-dossiers à traiter l'attendait. En chemin, il fit un détour vers la grande méta-statue de marbre de Maître B, qui lui apporta un sentiment de sérénité et de compréhension du monde très agréable...

Et c'est avec l'impression que le regard bienveillant du Maître était sur lui, tel un ange gardien, qu'il ouvrit le premier dossier...

Celui-ci contenait des éléments pour le moins surprenants : en effet ce dossier était tout entier consacré au sommaire des dossiers suivant, qui traitaient tous de la même personne. "Merde, se dit-il, encore une journée à thème j'en ai marre de ces psychopathes qui me moissisent mes jounées..."
Il faut préciser que déjà la dernière fois la paranoïa caractérisée doublée d'un lunatisme latent d'une certaine Sylvie Rozier lui en avait fait bavé sévère.
Cette fois c'était encore pire, cette conscience erronée n'était autre que celle de...

...de lui même !!!

Ils avaient un dossier sur lui !! Ils lui refilaient son propre cas à traiter !!! Alors là, ça allait barder un max !!! Non mais ça commençait à bien faire leur système !!! Leur système de MERDE qui le forçait à se lever tout les matins pour faire un travail DEBILE et CREVANT, un travail de MERDE!!! Et voila que maintenant ils lui refilaient son propre cas à traiter !!!

Un éclair rouge lui passa devant les yeux et il perdit toute trace de raison. Il sorti son chalumeau-briquet qu'il avait récupéré sur le marché parrallèle et regarda la grande flamme danser devant ses yeux.
De l'autre main, il prit le dossier, l'approcha de la flamme et regarda le papier s'embraser d'un seul coup. Puis il le jeta sur l'immense tas de dossiers qu'il y avait sur son bureau.
Il ouvrit ensuite son tiroir, sortit le Desert Eagle.50 qu'il y tenait caché et le mit dans sa poche. D'un mouvement brusque, il prit l'extincteur qui était placé contre le mur et le balança par la fenètre...

Il entendit un cri, mais sans s'en préocuper, sortit d'un pas décidé dans le couloir...

Les quelques personnes qui croisèrent son regard noir baissèrent les yeux et s'écartèrent sur son passage. Derrière son dos de la fumée commençait à s'échapper de son bureau en flamme. Une alarme se déclencha, et le tumulte des employés apeurés commença à envahir le couloir. Il se dirigea vers le bureau de la direction, de son pas lent et ferme. Impassible, ignorant le chaos provoqué par l'incendie, les femmes en pleurs, les cris, il était comme entrainé par une poussée de rage et de haine. A coup d'épaule il envoyait dans le décor les quelques malheureux qui avaient la mauvaise idée de se placer sur son chemin. Arrivé devant la porte de la direction, il mit sa main à la poche, en sorti son D Eagle, l'arma, de d'un coup de pied fit voler la porte en éclat...

"Bonjour Ningen Stepson, je vous attendai." Dit son boss, en costume blanc et cravate grise derrière son bureau.
"Vous vous sentez appeurés, vous avez même commencé à faire de la merde. Un tout petit stress et vous pétez un câble. Dommage vous étiez un élément prometteur Ningen. "

"Faites pas le con Sullivan !!!" Hurla Ningen. "C'est vous qui êtes du mauvais côté du flingue !"

"Mmhoui. Effectivement. Mais vous êtes venus ici sans prendre la peine de lire votre dossier de conscience erronée. Donc, vous ne savez ce que nous avons analysé comme cryptage comportemental chez vous Ningen. Et vous tombez dans un attracteur pulsionnaire classique de votre personnalité. Et comme vous n'avez pas étudié ce schéma, vous ne savez pas à quoi je suis préparé. Vous êtes en plein flou Ningen. "

"Ta gueule bâtard de merde ! 7 cartouches seront largement suffisantes pour te tuer, même avec ce pare-balles que tu caches sous cet affreux costard ! Tu vas me dire exactement ce qui se passe, sinon je pourrais..."

Ningen ne finit pas sa phrase. Harrower Sullivan avait tiré deux fléchettes neutralisantes depuis le multibureau et Ningen s'écroula. Puis le boss cliqua avec délectation sur une série de boutons du contacteur-hurleur interne de l'établissement, et annonça : "phase 1, succès mitigé, envoyez moi une équipe de securité, une équipe de récupération et une équipe lutte-incendie. Et aussi un café..."

La tête lui tournait… Il avait la bouche pâteuse et une désagréable envie de vomir. Il essaya d’ouvrir les yeux, mais une lumière éblouissante lui brûlait la pupille. Un sifflement strident lui oscillait entre les oreilles et la seule chose dont il pouvait être sûr, c’était ce sentiment de malaise qui l’étouffait.

« Merde, où suis-je ? » se demanda Ningen.

C’est alors qu’une voix féminine et très sensuelle s’éleva :
« Tu as merdé, Ningen. Tu as lamentablement merdé. Le parti avait mis de grands espoirs en toi, tu aurais pu réussir mais une fois de plus, tu n’as pas su te contrôler. Deux choix s’ouvrent à toi maintenant.
Tu peux choisir de refuser la vérité encore une fois, et ton cas sera traité par ton département comme un cas parmi des centaines d’autres, et tu finiras à l’effaceur de mémoire, là où tu as déjà envoyé tant de monde.
Mais tu peux aussi accepter ton rôle et remplir la mission que l’on t’a confiée il y a 3 ans déjà. Réfléchi bien, c’est ta dernière chance. »

La lumière diminua d’intensité et il pu alors constater qu’il se trouvait dans une grande pièce blanche. Face à lui se trouvait deux portes identiques, toutes les deux fermées.

Il ne comprenait pas. Il avait ce goût de sang dans les poumons et le sentiment d’être observé. La scène était irréaliste et lui donnait, il ne savait pas pourquoi, une impression de faux. Il poussa un long soupir. Sally lui manquait…

"Bordel de merde expliquez-moi putain! J'ai l'impression d'avoir reçu un coup de queue de brontosaure dans la tête, mon cerveau est complètement HS, et vous me baratinez avec vos missions à la con! Je viens de foutre le feu à l'immeuble, j'ai falli vider mon chargeur dans la gueule de ce fils de pute de Sullivan, et vous voulez me redonner une nouvelle chance? C'est quoi l'embrouille?! J'en ai marre! Et pourquoi me donnez mon putain de dossier à analiser? Vous saviez très bien que je peterai un câble!

- Ta gueule Ningen. Tu sais très bien pourquoi t'es là! Quand t'as accepté cette mission tu savais très bien ce qui se passrai, et fait pas comme si t'étais surpris des conséquences. Et puis n'oublie pas que si tu menais jusqu'à aujourd'hui une vie normale avec Sally, c'est uniquement parce que le boss est généreux envers toi. Ta vis avec elle n'est qu'un rêve, et l'heure du réveil ne dépend que de toi. Si tu merde, c'est pas ta vie qui va s'envoler sous la douce musique d'une perceuse, c'est la sienne, sous ton regard.

- Fumiers! J'aurais du vous faire sauter la cervelle depuis longtemps.

- Maintenant c'est trop tard, et tu le sais! T'es trop impliqiué! Et avec que qu'ils ont découvert sur toi, il ne te reste que 2 solutions. C'est maintenant que la parti commence vraiment. Avant c'était la garderie. Maintenant tu joues dans la cour des grands, et c'est pas avec des caprices que tu vas résoudre l'affaire. Utilise ta haine envers nous pour régler plus vite le compte de ces fouteurs de merde qui t'y ont plonger!"

Son crâne, qui jusqu'à maintenant se trouvait dans le même état que celui du black de Pulp Fiction, commençait à se rassembler et à redémarrer. Il s'était fait baiser en beauté, et il n'avait plus le choix. Il savait très bien que s'il refusait s'en était fini de lui et de Sally. La pauvre. Elle qui le croyait comptable, en train de pendre en se moment sa pause café, relax dans un fauteuil. Il ne pouvait pas lui faire ça.

"Très bien. Vous avez gagné. Mais évitez de me croiser dans un couloir, parce que je risquerai malencontrueusement de le repeindre avec les débris de votre cerveau pulvérisé par du gros calibre."

Il s'avanca vers la porte de gauche, qui s'ouvrit devant lui.

A peine eut-il passé le pas de la porte, celle-ci se referma dans un fracas de métal, plongeant Ningen dans une obcurité aussi totale que peu sécurisante. "Merde, pensa-t-il, avec mon bol habituel, j'ai choisi la mauvaise porte, et demain mon dossier sera sur le bureau de ce bâtard de Nick Callahan." Ce dernier n'était autre que l'ennemi juré de Ningen, fayot de Sullivan s'il en est, et prêt à tout pour le détruire définitivement. L'infortuné sentait la brûlure dans ses poumons s'intensifier, et aussi une odeur d'égout (les travaux de rénovation des sous-sols étaient toujours en pourparlers), mais voyant qu'au bout de quelques instants il était toujours en vie, il comprit que c'était la bonne porte.
Tandis que ses yeux s'accoutumaient à la pénombre ambiante, il aperçut un signal rouge au fond de la pièce. Il fit trois pas, puis stoppa, non pas de sa propre volonté, mais parce que son corps venait de rencontrer un vitre, invisible dans le noir. "Ca commence à bien faire, bordel. LUMIERE ! ! !" Et la lumière de s'allumer...
- Pas possible... Coca vanille ! ! !, continua-t-il, encore sous l'effet de la surprise.
-Faut pas déconner, Ningen, commença une voix rauque et robotique qu'il reconnut être celle de Sullivan à travers un interphone cellulaire, ça marche qu'avec la lumière pour le moment...
-Ah ouais? Vitre !, reprit Ningen.
Et la vitre s'ouvrit. "Tu vois, vieux con, je suis plus fort que la machine."
-Bon, assez blagué, maintenant, et écoutez-moi, Ningen, dit Sullivan en sirotant son café. Vous avez été dans les vappes pendant 2 heures, et c'était bien assez longuet comme ça. J'aimerais que vous vous approchiez du spot rouge.
Ningen s'exécuta, pensant qu'il s'agissait encore d'une entourloupe de son patron pour l'entuber une dernière fois.
- Vous trouverez le nécessaire pour mener à bien la phase 2 de la mission qui vous a échue
- Et, sans être indiscret, de quoi s'agit-il ?
- De la mission la plus importante qu'aie jamais eu a traiter la boîte, et nous avions besoin d'un homme d'action, Ningen, pas de quelqu'un de lâche comme ce leche-bottes de Callahan.
Sullivan devinait le sourire en coin de Ningen.
- Pourquoi moi ?
- Vous le comprendrez bien assez tôt... Disons pour simplifier que vous êtes l'un de nos meilleurs éléments question investigation, et que vos capacités physiques, fondamentales pour le succès de cette mission, ne nous étaient pas inconnues. C'est pour ça que moi et quelques collaborateurs privilégies avons monté cette intox de dossier sur vous, histoire de vous faire discrètement disparaitre de la circulation. Enfin discrètement, tout est relatif. Toujours est-il que tout le monde vous croit à la morgue abattu par l'équipe de récupération. Maintenant, ouvrez la porte verte, SVP, l'heure tourne, Ningen.
- Est-ce que Sally est dans le coup ?
- Que croyez-vous, Ningen ? Bien sûr, depuis le début.

- Toutes les données sont sur cette puce. Vous prenez le train pour Ville-nouvelle. Vous lirez les détails de votre mission sur votre Pod en chemin.
Et maintenant, foutez moi le camps, je vous ai trop vu !

Sullivan indiquait clairement la porte. Les deux gorilles en costard et lunettes de soleil firent innocemment un pas en avant, Ningen décida de ne pas insister.
- OK patron, j’y vais !

Il ouvrit la porte qui donnait, à sa grande surprise, sur le hall de la gare d’Aires. Décidement, le parti ne manquait pas de ressources! Il suivit le chemin que lui indiquait son Pod, passa sans problème devant les controle-machines et put donc entrer dans le train où il s’installa confortablement contre une fenêtre. Il était satisfait finalement.

Cela faisait des années qu’il n’avait pas connu autre chose que la monotonie du quotidien, autre chose que son travail pénible qui le mettait mal à l’aise. Pour une fois, il allait pouvoir changer… faire quelque chose de constructif…
…vous êtes l'un de nos meilleurs éléments… avait dit Sullivan… La phrase lui résonnait dans la tête et flattait son ego. On lui avait effectivement parlé d’une mission, à la sortie de ses études de psychomathématiques à l’institut des sciences. Il avait signé à l’époque, mais il avait pas eu de nouvelles depuis. Il avait même fini par croire qu’il avait rêvé cet entretien. Ou alors que finalement on ne l’avait pas retenu à cause de ses crises. Peu étaient au courant de ses moments de folies – crises de psycho-catatonie à tendance paranoïaque avait dit le médecin - il essayait de les cacher un maximum… Et elles étaient rares… Mais le parti avait des oreilles et des yeux partout… Il était forcément au courant qu’il lui arrivait de péter un plomb…

Mais non. Finalement il était au plein cœur de l’action. D’ailleurs en quoi consistait cette mission exactement ? …La mission la plus importante qu'aie jamais eu a traiter la boîte…Il se voyait déjà se tirer avec brio des situations les plus périlleuses, éblouissant ainsi par ses exploits la charmante demoiselle qu’il aurait, dans son aventure, sauvé, avec grande classe, d’une situation particulièrement technique. Comme dans le film…

Il avait d’ailleurs l’étoffe d’un héros, il le savait au fond de lui. Il avait la réplique facile…je risquerai malencontreusement de le repeindre avec les débris de votre cerveau pulvérisé par du gros calibre… Il avait sorti ça naturellement… Il avait même failli rajouter un « pigé p’tite tête ? »…

Le train s’était peu à peu rempli et était sorti de gare. Il décida de prendre son Pod pour avoir, finalement, une idée de la nature de sa mission. C’est alors qu’un type à la face aimable et rougeaude s’approcha de lui.
« Bonjour ! Je m’appelle Bob », dit-il.
Il avait l’air sympathique.
Ningen l’imaginait bien en train de faire cuire des chipolatas…

Ningen fit un léger salut de la tête accompagné d'un 'lut, de manière à dissuader le nouveau venu. Il était en mission, et même si l'idée qu'on lui ait forcé la main avait tendance à l'exaspérer, il avait l'intention de s'investir. Il n'avait donc pas de temps à perdre avec ce vendeur de chipolata à l'air ahuri. Mais visiblement Bob cherchait à discuter.
On m'a délégué auprès de vous pour vous apporter quelques précisions au sujet de votre mission. Quoi! Ce crétin fini était de la maison! Il se mettait à recruter vraiment n'importe où. Les valeurs se perdaient.
Comment ça?, lança-t-il, restant prudent.
Ben oui. Vous êtes bien Ningen? Nom de code : Dinosaure magnétique.
Ningen consulta son Pod.

Opération : Dîner en ville
Agent : Ningen
Nom de code : Dinosaure magnétique

Ca va. Mais laissez moi un peu le temps de me mettre au courant. Je sais même pas où va ce train! Et puis vous êtes obligé d'avoir cette tête de blaireau?
Le visage de son interlocuteur se métamorphosa quelques instants, le temps qu'il se fasse comprendre. Son air ahuri devint soudain grave, agressif. Tout d'un coup on avait plus du tout envie de le prendre de haut. C'est toujours pareil avec les bleus! Ecoute moi bien connard. Ici, c'est moi qui parle, toi t'écoute. Et tu fermes ta grande gueule. Va falloir comprendre que maintenant t'es dans la cours des grands. Je sais pas ce qu'ils t'ont dis pour te convaincre, mais à partir de maintenant c'est moi le boss, et toi la merde. T'es rien. T'es un débri qu'ils envoient en mission histoire de voir si t'es une 4L en ruine ou une Mustang sur laquelle il manque juste un coup de peinture. Et c'est moi qui suis chargé de ce putain de déchet qui se croit plus important que Gérard, alors qu'à mes yeux les poils de mon cul ont plus de cervelle. Alors rentre dans ta ptite tête qu'il va falloir que t'apprenne à obéir à Bob, qui me sert de couverture. Il est pas là pour te faire cuire des saucisses. Il est là pour t'apprendre à être quelque chose.

Le sourire revint alors sur ce visage dur et sévère, et à nouveau on eu envie de se faire un barbec.
Vous première tâche consiste à contacter un certain Bill. Vous devrez le faire parler. N'hésitez pas sur les moyens, et sachez au passage que l'on aura plus besoin de lui après . Il doit vous dire ou il a planqué les plans. Vous n'avez pas besoin d'en savoir plus. Les détails sur Bill sont sur votre Pod.
La voix était douce. Mais il termina de sa vrai voix, en lui chuchotant à l'oreille:
C'est une mission pour tapette. Même toi devrait pouvoir la réussir sans trop de problème. Faut quand même que tu sache ma poule que même si on a besoin de ces infos, c'est surtout pour voir ce que t'as dans le ventre qu'on t'envoie faire ça. Il est pas dangereux, mais il est connu pour lacher difficilement le morceau. Prévois des outils. Alors si t'as pas l'estomac bien accroché, vaut mieux retourner voir ce cher boss pour qu'il s'occupe de toi. Compris connard?

Ningen regarda Bob partir. Il savait qu'il était passé pour une ptite bite face à Bob. Mais au moins il ne travaillait pas avec des branleurs. C'était des enfoirés, mais pas des branleurs. Maintenant c'était à lui de montrer qu'il n'en était pas un non plus. Le train se mit en branle. Cette fois, il était seul, avec une mission. A lui d'entrer dans la partie. Et il était temps de consulter enfin cette foutu puce, histoire qu'il ne soit plus pris au dépourvu.

Opération : Dîner en ville
Agent : Ningen
Nom de code : Dinosaure magnétique

...

Il mit son casque et ouvrit le vidéo-dossier.
L’écran s’alluma, propre, précis, impeccable comme tout le matériel du parti. Du haut de gamme !

Bonjour Ningen.
Si vous êtes la, c’est que vous avez merdé. Vous avez foiré la première phase. Vous n’avez pas réussi à traiter votre dossier et donc par là vous n’êtes qu’un micro pénis impuissant.

Ningen fronça le sourcil droit.

Mais cela nous montre aussi que vos antécédents psychiatriques, bien que nécessaires à la mise à bien de cette mission, peuvent se révéler néfastes si vous n’arrivez pas à vous contrôler.

Si vous aviez gardé votre calme en trouvant votre dossier, on n’aurait pas eu à faire tout ce cirque. Enfin bref. Je suppose qu’il faut mettre cela sur le compte de votre passé. Nous sommes au courant de cette triste histoire il y a 4 ans, et nous savions ce qui pourrait arriver… C’est pourquoi nous avons mis au point ce plan B. Mais faites un effort par la suite s’il vous plait.

Ningen sentit son cœur battre plus fort. Mais merde, de quoi parlaient-ils ? Quelle histoire il y a 4 ans ?

Votre mission, si vous l’acceptez, est d’apprendre tout ce que vous pouvez sur un certain Bill Tcherneau notamment concernant ses projets sur la pseudo révolution qu’il tente de lancer. Ce type est un maillon de l’Organisation et s’occupe principalement de logistique. C’est un criminel de classe F potentiellement peu dangereux. Cependant, une fois interrogé vous avez ordre de le faire disparaître…Vous le trouverez aux alentours de la place Ebau où il rencontre quotidiennement ses contacts.
Dans cette mission vous serez assistés de l’agent Bob, un vieux baroudeur du parti, plus de 80 missions à son actif dont 13 de classe A. Cependant, nous disposons d’informations qui laissent à penser qu’il s’agit d’un agent double. Vous devrez donc également enquêter discrètement à ce sujet. S’il s’avère que l’agent Bob est effectivement un traître au parti, il sera impératif de l’éliminer.

Vous devrez agir au plus vite. Nous espérons que l’affaire sera bouclée dans 4 jours maximum. Nous vous contacterons ultérieurement pour plus de renseignements si besoin est. Quand le train s’arrêtera à la gare, allez donc faire un tour à la boulangerie qui se trouve juste en face de la sortie… Le bruit court qu’ils y font d’excellents petits fours.
Bonne chance Ningen.

Il leva les yeux. Bob avait mis un bob sur sa tête et regardait innocemment par la fenêtre le paysage qui défilait. Lui ? Un agent double ? Tout cela sentait la chipolatas trop cuite…

Après un temps qui parut intenrminable à Ningen, le train s'immobilisa en gare de Raub, terminus de ce train. Le personnel de la SNCQ espère que vous avez passé un agréable voyage. Bonne Journée. Annonce de merde, pensa Ningen, On avait pas le droit à de telles platitudes dans la boîte.

Descendu du train, il héla un power-taxi bariolé aux couleurs des Knicks, demanda qu'on le conduise place Ebau, et juste avant le démarrage en trombe, s'assura que Bob le suivait bien...

Bordel !!! STOP, hurla Ningen. Les petits fours ! Mais après un rapide crochet par la boulangerie, où il s'avéra que les petits fours étaient effectivement délicieux (et qui plus est, quand on a la fringale, copieux), le taxi continua sa route.

Peu après (il faut préciser que le taximan conduisait comme un barj'), Ningen descendit Place Ebau.
- Ca fera 1000 digito-£
- Putain d'étrangers, pas foutus d'avoir la même unité monétaire partout, pensa Ningen, qui paya bon gré mal gré.
- Si vous avez encore besoin de mes services, Monsieur, demandez Joe a ce numéro, dit Joe en lui tendant un bout de papier rose avec un regard entendu.
- Joe le taxi. Tiens, amusant, ça ne m'est pas étranger, songea Ningen. Mais bien sûr, mon contact il y a 4 ans, celui par qui tout avait finalement merdé. Ningen se disait que ce n'était pas uniquement la providence qui avait placé ce loser sur sa route...

- Mais trève de réflexion, on passe à l'attaque, soupira Ningen.
En effet se détachait distinctement sur le plus beau bâtiment de la place une plaque dorée a l'entrée, sur laquelle était écrite :
Tchernau Bill
Avocat de renom
- Sans doute une couverture, sourit Ningen, en sonnant.

- Oui ?, s'enquit une voix robotique.
- J'ai rendez-vous avec M. Tchernau, répondit presque machinalement Ningen.
- Bien sûr, vous devez être Ningen.
- Bien sûr.
Et la porte s'ouvrit. Avant de se refermer sur Bob, furibard.

Arrivé sur le palier, Ningen vit une porte s'ouvrir à lui, et fut introduit par un charmante blonde, dont il reconnut la voix comme étant celle de l'interphone (même si elle était bien plus sensuelle au naturel, et étrangement familière aussi) dans le cabinet de Bill.
- C'est étrange, je vous imaginais moins grand, minauda-t-elle en souriant. Sourire que Ningen lui rendit instinctivement. Salÿ m'avait déjà parlé de vous, mais...
- Salÿ ? Ningen était visiblement interloqué.
- Chut, moins fort ! Vous allez alerter Bill. Décidement, Ningen comprenait de moins en moins. Draguez-moi ouvertement, ça endormira la méfiance de ce salaud et me permettra de tout vous expliquer.
Ningen s'exécuta et trois minutes plus tard, se retrouva avec la blonde dans le placard a balai pour une explication.

- Bien... commença-t-elle je vous résume la situation : primo, si je vous suis familière, c'est parce que je suis la soeur de Salÿ.
- Quoi ?
- Mais vous le faites exprès, c'est pas possible ! Taisez-vous et écoutez moi. Je reprends. Je suis infiltrée ici depuis 6 mois. Ma couverture est secrétaire de Tchernau, et entre nous soit dit, ce vieux pervers n'a émis aucune réserve...
Cela, Ningen le comprenait aisément... La soeur de Salÿ. Ca promettait des soirées Pictionnary animées quand la famille serait réunie.
- ...enfin bref. Mon rôle est d'assurer à votre mission un succès plus large. Cette misssion est double, tirer les informations de Bill, et confondre son complice, ce prétentieux de Bob. Salÿ, quant à elle, devait s'assurer auprès de l'agence que vous possédiez les capacités nécessaires pour mener la mission à bien. Jusqu'ici, ça ne s'est pas trop mal passé.
- Qui me dit que vous n'êtes pas en train de me bourrer le mou ? Sans mauvais jeu de mots, bien sûr.
- Parce que si c'était le cas, je vous aurait déjà embrassé. Et qu'en plus si vous aviez lu plus attentivement votre ordre de mission vous sauriez que je vous attendais. Bon, on y va ? J'ai un différend plus large que celui ayant attrait à cette mission à régler avec Bill.
- Vu votre physique, c'est avec de nombreux hommes que vous devez avoir ce genre de différend.
- Et même avec des femmes... Mais ne vous méprenez pas sur moi, je ne suis pas un James Bond girl, j'ai reçu le même entrainement que vous, peut-être pire. Et, une dernière chose, Ningen...
- Oui ?
- Maintenant qu'on va devoir bosser en équipe, voire faire partie de la même famille si vous en fondez une avec Salÿ, si on se tutoyait ?
- Facile à dire je ne connais même pas ton prénom.
- Kathrÿn, mais appelle-moi Kate.

En entrant dans le bureau de Bill, nos deux héros constatèrent avec effarement que ce bougre de Bill bavait, inanimé dans son fauteuil.
- Mort, dit Ningen. Sûrement du cyanure.
- Non, de la strichnine, dit Bob en pénétrant dans la pièce, arme au poing. Dans un whisky, ça passe toujours inaperçu pour la victime. Maintenant, si vous voulez bien lever les mains...

Ningen avait nettement moins envie de chipolatas. Il aurait bien voulu siroter son Jack Daniels quotidien, mais en considérant la salive de Bill, se dit que ce pourrait alors bien être le dernier....

- Damned ! Bob ! Mais que faites vous ? s’exclama Ningen. Il releva la tête fièrement, soutint le regard dur de Bob, et se déplaça d’un geste protecteur devant Cat’, prêt à parer à toute éventualité.

Bob resta un instant impassible et sévère mais un sourire commença à naître sur sa figure. Puis il se mit à rire à grand bruit, et s’exclama entre deux fous rires, rangeant son DE.50.
- « Whahahaaaa, c’est une bonne blague hein ? Haahaaaaa… Avoue, t’y a cru, t’as marché tout droit !!! Il a marché tout droit !! T’aurai vu t’a tête !! Hahahaaaa Cat’, t’as vu sa tête ? Bob avait les larmes aux yeux.

Ningen lui jeta un regard meurtrier et demanda la gorge sèche:

- C'est pas drole! Non c'est pas drôle... Puis se ressaisissant Qu’avez-vous fait à Bill ?
- Muhahahaaaa... J'aurai du apporter une caméra...
- Ca suffit! S'écria Ningen d'une voix plus aigue que ce qu'il aurait voulu.
- Rhooo, si on peut plus rigoler maintenant ! s’esclaffa Bob.
- Que lui avez-vous fait ? demanda plus fort Ningen. Vous êtes sourds ou quoi ? On devait le faire parler, pas le tuer tout de suite. Mais merde, c’était ma mission ! Sa voix commençait à trembler sous le coup de l'émotion... Il avait flippé! Quel con ce Bob !

- C’est pas bientôt fini le bureau des pleurs ? Je l’ai juste endormi pour lui montrer qu’on pouvait faire de lui ce que l’on voulait. On va pouvoir le transporter dans un endroit plus calme où tu pourra faire ton boulot. T’inquiètes pas, tu vas pouvoir l’interroger à ton gré et faire ton boulot de sadique…

Deux fois… Ca faisait deux fois que Bob le prenait pour un con… Mais la fallait avouer que c’était plutôt bien joué. Il valait mieux mettre Bill dans un endroit plus discret… Et il fallait aussi reprendre l’ascendant sur son collègue qui se foutait ouvertement de lui… Et ce devant Cat’…

- OK Bob l’éponge, bien joué ! Maintenant, tu vas m’aider à déplacer ce gros tas…
- OK chef ! répondit l’interpellé en pouffant…

L'étage où se trouvait le bureau de Bill était désert. Il n'aurait aucun de mal à le trimbaler sans se faire voir.

"Kate, toi qui connait bien le batiment, ou est-ce qu'on peut interroger tranquillement ce cher monsieur? Un endroit insonorisé serait préférable. Et puis retourne ensuite faire ton travail, je veux pas que ton absence paraisse suspecte."
Il voulait surtout lui éviter d'avoir à regarder ce qui allait suivre.

"Les trois derniers étages sont en travaux. Je pense que là haut vous ne devriez pas déranger les voisins."

Bordel. Ya 40 étages dans ce putain d'immeuble, et on est au 7ème. Va falloir prendre l'ascenseur, et prier pour que personne n'entre.

"Bob, t'aurais pas une astuce terrible pour planquer un cadavre dans un ascenseur?
- Easy ptite tête, on a qu'a se la jouer Le Silence des agneaux. Vous avez jamais testé le truc de la trappe qui permet d'aller sur l'ascenseur? On voit ca dans tous les films!"
Ca faisait plus de 20 ans que les seuls films autorisés par le parti étaient les documentaires animalier d'Arte. Et encore, il avait fallu négocier. Bob le savait, mais à l'époque il avait déjà vu tout ce qui était potable. Par contre Ningen était trop jeune.
Mais pas d'avoir un QI à 150 pour deviner où allait se retrouver Bill.

L'ascenseur arriva, vide. Tant mieux, pensa Ningen, ca nous évitera d'avoir à en dérouiller 3/4 de plus. Parce qu'il ne fallait pas laisser de témoins. Si on retrouvait la piste du parti, ca pourrait dégénérer. Vallait mieux laisser croire qu'il s'agissait d'un réglement de compte. On se fait beaucoup d'ennemis quand on est avocat.

Un pied pour tenir les portes de l'ascenseur ouvertes, les mains pour tenir le corps inanimé de Bill, pendant que Bob montait, comme il l'avait dit, par la trappe, sur le toit de l'ascenseur.

"Vas-y, envoie" lanca Bob. Il s'était allongé sur le toit, et avait passé la tête et les bras par la trappe. Ningen donna une impulsion, et Bob attrapa Bill. Mais en voulant le faire passer par la trappe, la tête cogna contre le bord.

"Merde.
-Putain mais fait gaffe, c'est pas une poupée gonflable. Faudrait pas qu'il se réveille ou qu'il crève pendant le trajet.
-T'inquiète, il a la tête dur. J'ai déjà eu affaire à lui. C'est pas une bosse qui va le tuer. Non j'pense que ce qui va le tuer dépendra des outils des gars qui s'occupent des travaux des derniers étages."
Après quelques coup dans la tête et 2-3 dans la ventre, Bob finit par le hisser sur le toit de l'ascenseur.

"Cest parti mon gars. Je reste là-haut pour le surveiller, toi tu fais monter l'ascenseur jusqu'au 40ème et tu dis bonjour aux gens que tu croises".
Et voilà. Comme par hasard, il fallait un pigeon pour surveiller la porte, et ca tombait sur lui. Ningen aurait pourtant bien voulu voir ce que ca donnait une cage d'ascenseur vu de là haut. Mais on était pas là pour rigoler.

Pendant la montée un dizaine de personne entrèrent et ressortir. On aurait dit des zombies qui faisait mécaniquement le même geste depuis des années. Entrer, appuyer sur le bouton, se placer fasse à la porte, regarder le sol, les yeux dans le vague. Ressortir. Des employés de bureau modèles, en quelque sorte.

Putain, pensa Ningen, dire qu'hier je ressemblais à ca! Mais hier était loin, et dans sa situation il préférait se retrouver face à des zombies que face à des gens curieux qui lui demanderait ce qu'il va faire dans un étage vide, en travaux, justement un jour de congé pour ceux qui y travaillent.

Ding. 40ème étage.

Un petit coup sur la trappe pour signaler à Bob qu'on était arrivé.

"Merci Ningen, mais j'avais deviné."
Le toit de l'immeuble se trouvait à 40cm au dessus de sa tête.
Bob laissa tomber Bill sur le sol de l'ascenseur, les pieds en avant histoire de ne pas lui briser le crâne, puis sauta à son tour.

"Bon, et bien on a plus qu'à se mettre au travail!"