Il était une fois...

- Comment-ca "on" ? Mais Ningen, c'est toi qu'on a choisi pour ce job, c'est toi qu'on paie pour ça, alors TU t'en occupes.
- Et toi, Bobby, rétorqua Ningen, tu vas me regarder ?
- Tiens, c'est l'heure de la pause café, dit Bob en consultant sa Rolex en toc. Je reviens dans une petite heure. Il te reste des petits fours ?



Charmante manière que Bob avait eu de se défiler. Mais l'heure n'était pas à la plaisanterie. Bill commençait à sortir de sa torpeur, patraque (mais presque), et Ningen se devait d'assurer un interrogatoire musclé en bonne et due forme.

- J'avoue que pendant un instant, j'ai eu peur. commença Ningen Je t'ai cru mort, puis c'était une blague. Maintenant qu'on peut se parler entre quatre yeux, une question me brûle les lèvres... Sentant que Bill était encore trop sonné pour avoir la répartie facile, il continua : veux-tu une chaise ?.... qui ne dit mot consent.
Il lui fit signe de s'asseoir.

Ningen se jugeait étonnament gentil, signe que quand ça allait dégénérer, ce serait encore pire que d'habitude.

- Je vais t'expliquer la situation, Bill : on m'a envoyé ici parce que tu sais des choses. Les gens qui m'emploient voudraient savoir ces choses, alors sois sage et dit moi tout ce que tu as sur le coeur.
- C'est comme ça qu'on vous apprend a interroger ?
- Je joue franc jeu avec toi parce que tu m'as pas l'air d'un con. Pour peu tu serais pas avocat, tu me serais presque sympathique. Voire même honnête...
La mine de Ningen se durcit.
- ...mais fais gaffe à pas me prendre pour un cave, parce que sinon, je peux vraiment devenir méchant. Pas plus tard que ce matin, j'ai pêté un cable. Là, c'est passé, mais on est jamais à l'abri d'une rechute.
- Promettez moi une mort correcte et je vous dirai tout.
- Voilà qui me surprend. Suis-je si convaincant ? Que me vaut l'honneur d'un tel opportunisme de ta part ?
- La maladie. Mon whisky quotidien me fait du tort, beaucoup de tort. Les médecins m'ont dit que d'ici quelques mois, mon foie qui est déjà bien atteint sera completement carbone. Alors, ma vie, tu comprends, j'en ai plus grand chose à foutre. Autant qu'on se souvienne de moi en bien, pour une fois.
- T'es très bon comédien. Mais si je peux éviter de sortir mes outils perso, j'y vois pas d'inconvénient. Tu sais, le sang, ça fait des taches tenaces, même sur l'acier.

Un léger bruit se fit entendre. Un rat, assurément, Ningen n'y préta plus attention.

- Mais trève de bavardages. Parle moi un peu de ta prétendue révolution.
- Ca fait longtemps que c'est en place... Une espèce de mafia dans tous les milieux de la société, sauf un : ton agence. La révolution en elle-même consiste à prendre le pouvoir là-bas.
- Quel est le bénéfice ?
- Je ne vais pas te mentir, Ningen, je suis un très mauvais avocat. Mais même les bons ont le même probème que moi : ils ne savent psa réellement ce qui se passe dans la tête de l'accusé qu'ils ont devant eux...
- A qui le dis-tu !
- ...nos clients et ceux de ton agence sont les mêmes : les dérangés de la caboche. Mettre la main sur les dossiers que tu traites là bas nous aurait permis de révolutionner le monde juridique.
- Donc c'est juste ça ? Une bataille de tribunal à gagner plus facilement ?
- L'enjeu est bien plus grand. A terme, moi ou l'un de mes proches lieutenants, dirigeant l'opération plus ou moins dans l'ombre, aurions acquis l'un des plus grand rêves de l'homme : lire dans les pensées !!!
- N'importe quoi, s'emporta Ningen, je sais de quoi je parle. D'ailleurs... ah, putain de rat !

Ningen décocha son plein chargeur dans la direction du bruit, qui n'avait pas stoppé depuis toute à l'heure, mais qui, suffisamment averti, stoppa net... puis reprit plus faiblement.

- Tant pis ! Où j'en étais ? Ah, oui ! Lire dans les pensées ! Mais tu débloques, ça voudrait dire que moi je lis les pensées des gens.
- Tu souviens tu des dossiers que tu as traités une fois bouclés ? Je parie que non. Tu ne te souviens pas de chaque détail, parce que ton agence s'arrange pour vous faire oublier tout ça. Pas très sympathique, mais ça marche bien.
- Qu'en sais-tu ?, répliqua Ningen sur un ton autant de défi que d'inquiétude.
- La révolution a déjà commencé, ton agence est sous contrôle, c'est pour ça que pour la première fois ils envoient du monde sur le terrain. Ils veulent endiqguer le phénomène.
- Qui sont ces agents ?, questionna Ningen de plus en plus en colère
- Je ne sais pas.
- C'était pourtant bien parti, mais grille pas ton joker avec une réponse comme ça, sinon mes outils verront la lumière du jour aujourd'hui.
- C'est la vérité. Je sais qu'il n'y en a qu'un seul pour le moment. Vous êtes difficiles à infiltrer. Pour ma sécurité, j'ignore son identité. Mais ne t'inquiète pas, Ningen, il te retrouvera, et tu emporteras tes informations dans la tombe. Finissons-en, à présent.
- Je n'ai qu'une parole. Sache que je n'avais plus fait d'interrogatoire aussi agréable depuis longtemps, dit Ningen en rechargeant son Desert Eagle.50. Ne le répète pas, mais j'aime autant que ça ne dérape pas.
- Là où je vais, ton secret sera bien gardé.
- En effet, conclut Ningen en pressant deux fois la détente.



En redescendant du dernier étage, Ningen se rendit compte que le bruit au milieu de son entretien avec Bill n'était pas celui d'un rat, et se précisait à mesure que l'ascenceur descendait, sans qu'il put dire de quoi il s'agissait vraiment.

De retour dans le bureau de Bill, où l'attendaient Kate et Bob, il comprit l'origine de ce boucan : inocuppés, les deux compagnons de Ningen avaient entrepris une fouille en règle de tous les papiers de Bill. La pièce était sans dessus dessous.

- On décolle, dit Ningen. Avec le souk que vous avez foutu, je sais pas si je trouverai son paquet de clopes. J'en grillerait bien une.
- C'était gore ?
- Pourquoi ça ne m'étonne pas que tu poses cette question, Bob ?
- Parce que tu ne connais pas la surprise. Et il a balancé le nom de l'agent double ?
- Là tu me surprends. Comment sais-tu qu'il y en a un seul ?
- Je disais ça comme ça... oh, puis merde, ça fera que la deuxième fois aujourd'hui.

A court d'excuses, Bob sortit son Beretta et tint Ningen en joue.

- N'attends pas d'aide de la part de ta copine, elle n'a pas d'arme. Mais donne moi tout de même la tienne on sait jamais... non, non, Ningen, main droite, je sais que t'es gaucher.
- Que me vaut le plaisir d'être toujours en vie ?
- Toi je sais pas, mais elle, entre nous, je pourrais pas dormir pendant des mois si je la tuais sans en profiter avant.
- Ordure, cria Kate sans conviction.
- Mais je ne suis pas chien, Ningen, voilà le paquet de clopes du vieux, comme ça ta dernière volonté est respectée.
- Et le feu, je le sors d'où ?

A ces mots, Bob sortit une pyro-allumette, la craqua et la tendit à Ningen. N'écoutant que ses réflexes, ce dernier décocha à Bob un crochet du gauche aussi soudain que ravageur, précisément au moment ou celui-ci s'y attendait le moins. Chancellant sous l'effet du choc, il s'effondra par terre suivi de l'allumette, qui mit instantanément le feu aux papiers qui trainaient, certains completement imbibés des nombreux alcools que Bill gardait dans son bureau.

Ningen prit résolument Kathrÿn par la main, décidé à sortir au plus vite de ce qui allait devenir le brasier de l'année, vu qu'il avait vu dans les étages en travaux que les conduites de gaz-plasma étaient très mal isolées. Laissant Bob pour mort, nos héros sortirent par la porte de derrière, les pyro-sauveurs étant déjà sur place. Là, la jeune femme montra le plus sûr moyen de fuite : un coupé Maserati d'avant la réforme automobile de l'airway. Ils démarrèrent en trombe, mais discrètement quand même, au regard des premières explosions.

- Bien joué, Ningen. Bob ne me plaisait pas du tout, et maintenant l'agence ne compte plus de pommes pourries.
- Espérons-le.
- Appelle le neuro-canal 8 sur ce mobile 6e génération. Il faut aller à l'agence pour le débriefing.

Une voie familière se fit entendre dans les enceintes du coupé italien.

- Bonjour, agents Alpha.
- Bonjour, patron, dit Ningen.
- Si vous êtes là à me parler, Ningen, je suppose que la phase 2 de votre mission est un succès.
- On peut voir les choses ainsi.

Kate prit la parole :
- Nous sommes en chemin pour la zone 34bis, attendons clés d'accès... Phase 3 en marche.
- En cours d'upload... voilà, votre voiture sera automatiquement reconnue a votre arrivée.
- Demandez à ce qu'on prépare du café, patron, finit Ningen, je meurs de soif. Fin de transmission.

Au même instant, au milieu des flammes de l’appartement de l’immeuble, Bob reprenait lentement conscience…
- Putain le con ! J’le savais imprévisible, mais pas à ce point ! Arrh… Ma machoire ! Ah ! Mais merde, il a même réussi à foutre le feu ! Mais quel con !
D’un geste rapide mais non précipité, Bob se remit debout et se dirigea vers l’extincteur mural. D’un geste précis, il visa la base des flammes alors que de l’autre main, il attachait un chiffon sur sa figure pour éviter l’asphyxie. 3 minutes et 2 extincteurs plus tard, l’incendie n’était plus qu’un souvenir. A ce moment là les pyro-sauveurs entrèrent dans l’appartement.

- Ben z’avez mis l’temps les gars… V’pouvez m’nettoyer ça siouplait ?
- Tout va bien ? demanda le capitaine des pyro-sauveurs. Que s’est-il passé ?
- Tout baigne pour moi, cap’taine. Si vous voulez des renseignements, adressez vous à Winnie l’ourson.
- A qui ?

Mais Bob avait déjà disparu par l’escalier. En chemin, il prit son Pod et composa rapidement un numéro.

- Bob au rapport !
- Très bien. Vos impressions sur l’agent Ningen ? J’vous écoute.
- C’est un crétin particulièrement amusant, répondit Bob en commençant à sourire.
- Soyez plus précis, je veux des faits, pas vos états d’âme.
- Et bien… L’interrogatoire par exemple… Il interroge Bill et se satisfait de n’importe qu’elle information… Ce bon vieux Bill lui a fait croire qu’on essayait d’lire dans ses pensées… Hahahaaahaa… Il est impayable ce Bill !! Au dernier candidat, il lui avait réussi à faire croire qu’on essayait de voyager dans le temps pour mieux contrôler le peuple… Mais votre Ningen a été étonnement crétin … directement convaincu !… On peut lui faire croire ce qu’on veut !!

En tout cas, ne le mettez pas à la commission des interrogatoires, il est vraiment pas doué… Si vous lui aviez donné des vraies balles et pas ces billes classiques de peinture, il aurait exécuté Bill sans avoir aucune information. Hop, comme ça, d’un coup ! Bill n’avait même pas besoin de se jeter par la fenêtre pour ne pas avoir à parler. C’est un sacré con ce Ningen ! Et encore, j’suis sur qu’il est particulièrement satisfait de son boulot en ce moment. Je me demande ce que ça aurait donné contre Cohen le Boucher… Whaaahahahaaa…

- Un peu de sérieux agent Bob ! Est–il apte pour notre projet ? demanda sèchement la voix.

- Ceci dit, il faut reconnaître que ça lui a pas fait peur de tirer ni de tuer… Ni chaud, ni froid… Il m’a tout l’air d’être un grand malade… Donnez lui un p’tit prétexte et il ne posera pas de questions… Et il est très susceptible… Je ne veut pas savoir ce qu’il a vécu dans son enfance mais il a un sacré traumatisme… Remarquez, je crois me souvenir qu’il a fait des études de psychomathématiques à l’institut des sciences… Forcément, ça laisse des marques…Mais quand il pétera vraiment les plombs, ça sera marrant… Il faut garder le contrôle sur lui pour l’instant. Faites en sorte qu’il se croie important… Félicitez le… Donnez lui une autre mission ultra secrète et super importante… Laissez le avec Cat’… Une jolie fille et vous faites de lui ce que vous voulez… Mouhahahaa...

- On peut compter sur lui pour péter les plombs quand il le faudra ? Il arrivera à accomplir sa mission ?

- Ah ça!! Quand il se rendra compte qu’on se fout de lui, il fera ce qu’on est en droit d’attendre de lui, y’a pas de soucis… Et il le fera bien, croyez moi…

- Parfait Bob, on vous recontactera. Faites ce que vous avez à faire. Je vous laisse, notre ami Ningen ne devrait pas tarder à arriver dans mon bureau.

Le rayo-portail se désactiva à l'arrivé de la Maserati. Mieux vallait ne pas essayer de forcer le passage face à ce genre de technologie, au risque de se retrouver de l'autre côté en rondelles de concombre. Question sécurité, on n'agissait jamais à la légère au QG, et pour cause. Les informations que possedait le parti avait de quoi compromettre n'importe quel homme politique. Personne n'était clean.

Kate s'arreta devant une grande porte métallique frappé d'un 34b noir opaque.

"Niveau design ils ont pas cherché très loin!" remarqua Ningen.
- Plus c'est sobre, plus ca fait sérieux. Tu voudrais pas une jolie baie vitré avec des cannards dessinés dessus!
- Ca changerai un peu pour une fois. J'en ai marre de ces ambiances de bureau. Tout est gris, tout est carré, tout est calculé pour distraire au minimum l'attention de ceux qui viennent bosser. De voir ça ca me fout en rogne. J'ai envie de tout faire péter. J'ai envie de...

Alors qu'il disait ceci le sas s'était ouvert, et Sullivan était apparu.

"De...?
- De boire un bon café. Alors patron, impressioné? Première mission, premier succès! Vous avez pas autre chose un peu plus corsé pour moi parce que la c'était du gateau! Il a suffit que je montre mon flingue et que je prenne un air menaçant pour qu'il me déballe tout. Enfin il ne déballera plus grand chose maintenant.
- Venez faire votre rapport dans mon bureau, Ningen. Kate, je vous verrai en H4 pour le votre à 1800.

Ningen le suivi jusqu'à son bureau tandis que Kate les regardait partir d'un air interrogateur. Ce n'était pas la procédure. Il aurait du faire leur rapport ensemble.

Dans le bureau, Ningen lui fit un récit complet, fier de lui apprendre qu'il avait découvert la taupe et comment il avait su se débarasser de lui alors qu'il avait un flingue pointé sur lui.
"Pas mal pour un début Ningen. Nous allons enquetez sur ce que vous avez découvert. Mais une remarque quand même. Il vous faudra désormais prendre quelques réflexes pour éviter de facheux désagréments.

Règle n°1 - Ne jamais laisser quelqu'un "pour mort": Toujours tirer une balle dans la tête "just in case".
Règle n°2 - Tant que le sang n'a pas coulé lors d'un interrogatoire, le patient ment.
Règle n°3 - Ne jamais utiliser de coupé sport comme moyen de transport. Ya rien de plus tape-à-l'oeil (c'était encore une idée de Kate, je parie. Prenez l'aérométro, ya rien de plus discret)
Règle n°4 - Ne faites confiance à personne.

Ce n'est pas que je doute de vos talents d'improvisation, mais l'experience prouve qu'il faut savoir rester prudent dans ce métier si on veut atteindre la retraite.
- C'est vous le patron, patron.
- Dites-moi Ningen, ya quelque chose qui va pas? Ce matin vous vouliez vider votre chargeur sur moi et là on dirait que vous m'apprécier!
- N'exagerez pas trop quand même boss. Mais je commence à m'y plaire, dans ce métier. Surtout avec de si charmantes coéquipières.
- Faites gaffe quand même, elle a son caractère. Enfin vous connaissez la famille mieux que moi. Bref. Pour votre nouvelle mission vous ferez à nouveau équipe avec Kathrÿn. Elle a des talents qui vous permettront de mener a bien cette nouvelle mission. Je vous ferai un briefing détaillé avec elle à 1900. Reposez-vous en attendant, puis passez en salle d'équipement pour récuperer quelques machins utiles. L'agent Kÿou s'occupera de vous fournir ce dont vous aurez besoin."

1800
Kate se présenta en H4. C'était la première fois qu'elle pénétrait dans cette partie du complex. Il datait d'avant. La porte était en bois, muni d'une serrure. Plus personne n'utilisait de clé maintenant. N'importe qui savait ouvrir une porte avec trombone. Et le bois... depuis la réforme écologique de 2017 le bois était devenu une matière première en voie de disparition. Il était interdit de l'utiliser pour la construction. Elle tourna la poignée, et penetra dans une pièce éclairée par des néons. Un grand cadre vert sombre fixé sur un mur. Devant, un petit bureau, lui aussi de bois, et Sullivan installé derrière.

"C'est quoi ce bordel ? 75 ans que je fais ce métier, c'est la première fois que je vois ça. Pourquoi j'ai pas fait mon rapport avec Ningen?
- Ningen est un abruti. On lui demande de faire parler quelqu'un, et il le bute après être convaincu d'une part que quelqu'un monte une révolution à coup de procès (déjà là c'est assez ridicule) et d'autre part qu'on possède la technologie de lire dans les pensées. Ca ferait belle lurette qu'on serait les maitres du monde avec un truc pareil. Enfin ça va que cette mission était surtout un test et qu'on avait assuré le coup. Ningen a tiré avec des balles en caoutchouc sur Bill, donc on pourra encore s'occuper de le faire parler (mais je confierai le boulot à quelqu'un de moins stupide (et un peu plus sadique)), et Bob a lui réussit sa mission qui consistait à tester les capacités d'improvisation de Ningen. D'accord, on a des doutes sur Bob. Mais il est beaucoup trop malin pour se faire repérer de manière aussi flagrante. Et puis surtout au cours d'une mission de classe F. Non, si Bob est vraiment une taupe, il se révelera au dernier moment. Pour l'instant il va faire son boulot comme il l'a toujours fait, c'est à dire propre, net, précis.
- Vous n'auriez pas pu me mettre au courant au lieu de me faire passer pour une poire auprès de Bob?
- Bah, Ningen n'est pas totalement stupide, il aurait pu se douter de quelque chose. Et puis ca amusait Bob de vous laisser dans l'ignorance.
- Et maintenant quoi? Je vais continuer à me taper des missions à la con sous pretexte que vous cherchez à évaluer Ningen? Vous n'avez pas une autre pimbêche pour faire ce sale boulot?
- Oh mais Ningen ne se donnerai pas à fond sans votre compagnie! Vous n'imaginez pas à quelle point la présence d'une jolie femme pousse un homme à donner le meilleur de lui-même. Vous croyez que James Bond aurait fait comment sans avoir une jolie blonde à ses côtés?
- Qui ?
- Bond. James Bond.
- ...
- Laissez tomber."

C'est vrai que depuis l'interdiction du cinéma les jeunes n'avaient plus aucune culture. Il fallait tout leur apprendre maintenant, alors qu'avant il ne manquait que d'entrainement.

"Retrouvez-moi en salle de Briefing à 1900. Ningen sera présent."

07:00 PM, salle de Briefing, complexe LCB, escalier D

Une porte blanche, suivie d'un corridor blanc, donnant sur une salle... noire.

- Ningen, Kate, entrez donc. Vous êtes pile à l'heure. Un apéritif ? Le brifing rique d'être long.
- Jack Daniels. Bill m'en avait donné l'envie.
- Pareil, dit Kathrÿn avec une pointe d'amertume dans la voix. En fait, un double. Non, triple, s'empressa-t-elle d'ajouter.
- Servez-vous en vitesse. Bien, agents Alpha, vous savez en gros pourquoi vous êtes là. La phase 2 de votre mission est un succès correct, Ningen. Mais il est temps de hausser un peu le ton, c'est à dire de passer a la 3. Vous pouvez ouvrir le dossier devant vous... Non, Ningen, on enquête pas encore sur vous, c'est parce que le dossier est nominatif, donc y'a votre photo sur la première page... Donc, notre homme s'appelle Budd Tchernau. C'est le frère de Bill, vous l'aurez compris. Il est notoirement connu pour diriger le plus gros cartel international de narco-substances. Votre mission est simple, neutraliser son système. Tant qu'à faire, si vous pouvez faire carton plein en l'abattant, ça arrangerait pas mal de choses en déroutant l'organisation pour quelque temps. Evidemment vous bossez en tandem sur ce coup.
- Attendez, quel est le rapport avec la mission qui précédait ?
- Oh, il est très simple. Primo, le lien de parenté fait de Budd un salaud. Secundo, les enquêtes précédentes ont prouvé qu'il avait des liens avec certaines branches radicales qui en veulent a la vie de l'Agence, et qui aurait, entre autres, servi les causes peu avouables de feu Bill. Le hic...
- Oui ?
- Le hic, c'est qu'on ne trouve pas Budd, c'est lui qui vous trouve. Voilà comment nous allons procéder. Votre couverture est l'informatique. En gros vous aurez fait un tranfert de plusieurs millions d'helvéto-$, et vu que tout ordinateur le rebute, les programmeurs a son service sont des incapables. C'est pourquoi il voudra vous capturer vivants pour effectuer l'opération inverse. Et là vous entrerez en action. Je ne vous cache pas que ce coup-ci c'est plus de la rigolade, donc je vous le dis franchement, essayer d'en revenir. Et pas a deux semaines d'intervalle dans des petites boites.
- Vu sous cet angle, un autre Jack me ferait plaisir, dit Kate.
- Vous buvez trop, ma chère. Bien, passons aux détails pratiques. Vous partirez demain matin pour...

Pendant que le briefing se poursuivait, dans une salle voisine, un agent aux moeurs peu recommandables, affutait sous l'oeil avisé de Bill, une séris d'outils destinés a un interrogatoire qui risquait de se poursuivre jusqu'au bout de la nuit...

Bill transpirait… Il était dans une sorte de grande cave. Il était assis inconfortablement sur une mauvaise chaise. Et en plus, il était solidement attaché. Mais le pire, c’était que visiblement, il n’était pas en bonne compagnie. Un petit homme joufflu aux yeux globuleux aiguisait en souriant de longs pics qu’il posait dans le feu. Les choses ne se passaient pas du tout comme prévu…

Le parti lui avait promis la liberté et l’oubli de certaines fautes passées en échange d’un rôle de cobaye pour tester les interrogatoires des nouveaux agents. Jusque la, ça c’était plutôt bien passé. Le parti lui avait envoyé des agents novices et peu formés aux interrogatoires. Grâce à ses compétences de manipulation, il avait toujours réussi à les berner ce qui était le but avoué…
Certes, il avait pris quelques baffes au passage, mais sa vie n’avait jamais été en danger… Le partit avait dit qu’il y veillerai… Mais on disait que jouer avec le partit s’avérait généralement aussi dangereux que d’aller voir ce qu’il se trouve au fond du gosier d’un alligator vivant et à la diète… Et la rumeur disait vrai...Là son instinct lui disait que ça sentait pas bon du tout…. La configuration n’était pas habituelle… Il frissonnat. Pourtant, il faisait une de ces chaleurs !

Au bout d’un temps interminablement long, l’autre se mit à parler. D'une voix mieilleuse et détestable.
- Bonjour Bill ! Comment vas-tu ?
- Ma foi, pour être tout à fait franc, j’ai connu des jours meilleurs je pense.
- Et j’espère sincèrement pour toi que tu en connaîtra d’autres dans le futur… Pas tout de suite peut-être, parce que nous allons discuter un peu tout les deux… Pendant quelques jours, quelques semaines tout au plus, on va essayer de trouver des réponses à certaines questions susceptibles d’être intéressantes… Et ça sera peut être douloureux alors, je préfère te prévenir au cas où…
- Pourquoi vous faites ça ? J’ai fait ce que vous m’aviez demandé ! J’ai subit d’autres interrogatoires ! J’ai été réglo ! Je vous direz tout ce que vous voulez savoir, mais je en sais pas ce que vous voulez savoir !
- Rhooo, on a tout notre temps, ne précipitez pas les choses Bill. On pourrait commencer par ce tutoyer, je préfère. Appelez moi Lhami ! Il parlait d’une voix calme et posée, mais Bill aurait préféré qu’il se mit à hurler comme les autres crétins qu’il avait d’habitude.
- Très bien, Lhami, si tu y tiens… Il aurait voulu montrer plus d’assurance dans la voix.
- Bien. Alors nous arrivons au premier point clé dans ce cas, tu viens de le soulever. Il faut que tu saches que je ne veut pas savoir ce que tu crois que je veut savoir. Ça je le saurai de toute façon. Sisi, tu verra. Je ne veut pas savoir non plus ce que tu penses que tu pourrait me cacher… Non non, je veut savoir quelque chose que tu ne sais pas encore… Quelque chose que d’après des informations que j’ai à ma disposition, tu as les moyens de trouver. Je veut savoir des choses qui sont cachées dans ta tête, juste la, des choses dont tu n’as probablement pas conscience. Mais ne t’inquiète pas, je suis la pour t’aider à les trouver.
- Mais enfin, je n'…
- Oui je sais, évidemment. Bon, je vais te donner une piste pour que tu puisses commencer tes réflexions prochainement. Tu écoute bien ? Dis moi, tu écoutes ?
- Je suis toutes ouies Lhami.
- Main Noire.
- Main Noire ?
- Oui, mais on en parlera une autre fois. N’allons pas trop vite, aujourd’hui, nous sommes juste la pour faire les présentations. D’ailleurs à ce sujet, je voudrait te présenter Fifine. Fifine, voilà Bill. Bill, voici Fifine. Lhami montrait avec son sourire de poisson mort une immonde machette en froid métal.
- Quel doigt Bill ? demanda-t-il ?
- Quel do… Non mais ça va pas ? Z’étes un malaaaaaaaaAAAAAAAAAAAA …
- Tu pourra pas dire que je ne t’avais pas laissé le choix Bill. Répondit Lhami. Ne t’inquiètes pas, je vais pas te le laisser loin, je vais l’attacher là comme ça tu te souviendra qu’on est pas la pour rigoler mon ami.

La tête de Bill tournait de plus en plus vite. Ça n’allait pas du tout. Avant de tomber dans les pommes, il pu apercevoir au fond de la cave, bien rangés, une chaise à clou, des rouleaux à épines, des fers qui chauffaient, des tenailles, des cordes, des pics…
Lhami essuya sur son bleu de travail le sang qui coulait sur la machette et, alla graisser paisiblement les supports de la roue…

Quelque part dans le même bâtiment, Ningen recevait fièrement son deuxième ordre de mission.

Vous partez demain matin pour la roumanie orientale. C'est une des rares régions hors de notre zone de contrôle, ce qui la rend moins suspecte aux yeux de Budd. Il est persuadé que nous sommes à l'origine du transfert. Il vous faudra donc le convaincre que vous agissez pour votre propre compte et, sans céder trop facilement, vous laisser convaincre de travailler pour lui. Vous pourrez ainsi pénétrer son réseau informatique et obtenir des informations capitales quant à ses projets futurs. Mais méfiez vous, il n'a pas tendance à faire confiance à ses employés. Il vous faudra agir en toute discretion.

Votre couverture là-bas sera une petite entreprise d'informatique, Cyberdine Systems. Kate sera votre assistante. J'espère que vous avez quelques restes de connaissances en Caml, parce que vous serez sensé être un expert. Sinon vous avez toute la soirée et le trajet pour vous y remettre. Mais n'oubliez pas : aux yeux de Budd, votre entreprise est une couverture qui vous permet de pratiquer votre hobby, à savoir le piratage, et vous avez détourné des fonds à lui. Le numéro de compte où ont été transférés ces fonds est sur cette puce. Vous ne devriez pas tarder à recevoir sa visite. Nous avons pour celà laissé des traces qui le menera directement à vous. Débrouillez-vous pour vous faire acceptez, vous et Kate. Il est inutile de vous rappelez que si vous échouez, non seulement vous mettrez plusieurs semaine pour rentrer totalement ici (ils commencent généralement par envoyer les orteils), mais surtout le tord que vous aurez créé au parti le forcera à prendre des mesures contre les êtres cher à votre coeur. Si vous réussissez à penetrer toutes leurs donnés, neutralisez le système et, si possible, les hommes à la tête du groupe. Ne vous inquietez pas si les données vous semblent de peu d'importance. Il utilise un système de codage ultraperfectionné. Nous nous occuperons de décrypter ce que vous nous ramenerez.

Kate vous aidera par ses connaisances en informatiques. Pour tout ce qui est materiel, il vous faudra vous contenter de ce que vous trouverez là-bas, a savoir un pc et une connexion.

Ningen esquissa un sourire. Une mission d'infiltration! On lui confiait une mission d'infiltration! Ils avaient du être vraiment impressioné par sa performance. Et puis une nouvelle mission avec Kate! Ca ne serait pas désagréable...

Kate, quant à elle, se méfiait. Une mission d'infiltration ? Après les conneries qu'il avait fait lors de la dernière! Y'avait une couille dans le gigot.

Ningen, vous pouvez disposer. Kate, restez. J'ai un dernier détail...

Ningen sorti de la pièce. En passant devant la porte suivante, il entendit un long murmure, comme un cri étoufé par une épaisse couche d'acier. Mais tout exité par sa nouvelle mission, il n'y preta pas attention.

Alors, c'est quoi cette fois? Vous payez ce Budd pour faire croire à Ningen qu'il dirige une organisation de narcotrafiquant, et pour le laisser pirater son système élémentaire?
- C'est un petit peu plus compliqué que ça. D'accord Budd ne fait pas dans les drogues, et il n'est pas très redoutable. C'est plus un criminel de petite zone. Cependant des sources nous ont informé qu'en réalité les activités de raquette et autres petits délits de Budd ne serait qu'une couverture pour ne pas eveiller l'attention. On nous dit de se méfier de lui. Jusque là nous n'y avions pas porté beaucoup de crédit mais les avertissement, qui venait jusqu'alors d'espions isolés et de peu de confiance, viennent à présent d'autre agents plus important. Nous avons donc décidé d'aller jeter un coup d'oeil. Vous allez donc un peu fouiner par là-bas, histoire de voir si effectivement il y a quelque chose sous-jacent. De notre côté nous interrogeons son frère. Je vous transmettrai les informations éventuelles que nous pourrions obtenir de lui.
- Et en supposant qu'il y ait vraiment quelque chose qui se prépare, ma mission ne pourrait-elle pas être dangereuse en fin de compte?
- Il y a 9 chances sur 10 pour qu'il n'y ait rien. Et puis sinon, vous vous êtes toujours débrouillé pour vous tirer d'affaire.
- Je n'avais jamais eu a trimballer un boulet, jusqu'à présent!
- Qui vous dit qu'il ne va pas se révéler comme étant un atout important? Dites-vous que vous gardez une carte en main.
- Vraiment rassurant!
- Vous pouvez disposer.

Et voilà, encore une fois la cruche de service. Et en plus ils nous envoient en Roumanie Orientale. Ya pas plus trou perdu. Tu m'étonne qu'il n'ont pas d'influence là-bas! Ya personne à influencer! A part des chèvres!

En passant devant la porte suivante, elle entendit comme un râle. Puis un long silence. Puis à nouveau un autre râle, plus fort.
"Tiens! Quelqu'un a sorti le chalumeau!"

Le lendemain, Kate et Ningen, munis pour l'occasion de fausses identités, partaient par le premier avion pour la Roumanie orientale. Parler de tas de boue volant qui allait les mener à bon port en terme d'avion relevait de la plus pure fantaisie. C'est tout juste si l'astronef ne se fut pas abîmé en Océan transcontinental pendant le vol.

- Encore un coucou qui date d'avant la réforme de l'aviation civile, remarqua Ningen. Si mes potes pilotes apprenaient ça...

De son côté, Kathrÿn pensait que son côté m'as-tu-vu et novice devenaient insupportables. En même temps, il était beau garçon. Et c'allait être son futur beau-frère. Si tout se passait bien, en tout cas.
Car ce qui les attendaient face à Budd n'allait pas être de tout repos. Elle le savait. Le boss avait cette voix menteuse qui lui faisait penser qu'on les envoyait au casse-pipe. Mais le boss était toujours bizarre lors des briefings. Mais Kate avait du nez.

- Mademoiselle, Monsieur, nous allons bientôt nous poser à l'astroport de Constanţa, en bordure non controlée par l'Agence. Veillez à avoir de faux papiers en règle. La température au sol est de 78°F. L'avion restera au sol dans cet astroport pour 72 heures. Tachez de revenir dans les temps...

- C'est dingue, dans ce pays, on a l'impression dervenir avant les grandes réformes de l'Agence. A ton avis, combien de temps avant que Budd nous mette la main dessus ?
- C'est une question de minutes, une fois qu'on aura fait le retrait-leurre à la digito-banque.
- Même pas, j'ai l'impression qu'on a le droit à un comité d'accueil, fit Ningen en désignant le groupe de Mercedes noires garées près du hangar 19, celui-là même où l'avion devait aller.

Une fois descendus, Ningen et Kate furent priés de prendre place dans l'une des voitures, la plus longue. A peine entrés, ils virent un homme à la mine louche qui les dévisageait. Son Stetson mal ajusté cachait mal ses rides frontales, et ses longs cheveux noirs ajoutaient à la suspicion naissante des deux agents infiltrés.

- Je pense qu'il est inutile de me présenter, dit l'homme. Alors je vais aller droit au but, mes amis. Voyez-vous, vous avez quelque chose qui m'appartient, les bénéfices de mes affaires narcotiques légales dans cette contrée reculée du globe, plus particulièrement 5,62 millions d'helveto-$, soit une coquette somme. Il se trouve par ailleurs que je veux récupérer mon du. Nous avons un système informatique archaïque ici, mais cela ne posera aucun problème à un infirmaticin tel que vous, Ningen.
- Vous connaissez mon nom ?
- Là n'est pas la question. En attendant, vous et votre charmante secrétaire êtes mes hôtes.
- C'est trop d'honneur.
- Vu la qualité pitoable de mes appartements locaux, sûrement pas. Ceci dit on n'y manque de rien... Mais je parle trop : nous voici arrivés à destination.

La caravane de voitures venait en effet de rentrer dans un souterrain, et s'immobilisait à présent à hauteur d'une guérite, où le laisser-passer adéquat dans une langue imprononçable donnait le feu vert pour continuer le trajet. Trajet qui se concluait par l'arrivée dans une grande salle baignée de lumière artificielle.

- Fin du voyage, dit Budd. Mademoiselle, suivez Nikolaÿ, il vavous montrer vos appartements. Vous, Ningen, venez avec moi, j'ai à parler affaire.
- Je ne traite jamais rien sans ma secrétaire, je la connais depuis longtemps et j'ai une confiance aveugle en elle.
- Bien. Nikolaÿ, fais-nous apporter du Champagne. Quoi ? Bien sûr, du français d'avant la révolte, je ne veux pas d'une piquette actuelle... Ah, je vous jure, les gens ont parfois de ces réflexions...

Budd les fit entré dans un pièce richement décoré contrastant avec les salles parcourus jusqu'alors qui étaient d'un style très simple, se résumant à 4 murs de béton, un plafond et un sol de béton, pas de porte, quelque fois quelques fissures histoire de varier. Là une porte en bois massif fermait la pièce petite, mais tapisée, munie d'une moquette, d'un grand bureau et de deux fauteuils placé devant.

Prenez place, faites comme chez moi.
- Excusez moi, mais je ne suis pas sûr de bien comprendre à quoi nous devons toutes ces attentions de votre part.
- C'est très simple : je suis de bonne humeur. Si j'avais été dans un mauvais jour je vous aurais probablement fait mariner nus dans un coin sombre, humide et plein de bestioles typiques du coin. Mais non, tout va bien. Enfin presque. Disons que l'argent que vous m'avez emprunté temporairement est un petit o des accords qui je viens de passer. Mais ceci ne vous regarde pour l'instant.

Je vais être bref. Vu la pénuri de bon personnel dans le coin, si vous acceptez, je vous engage pour vous occuper de la sécurité informatique (après que vous m'ayez rendu mon fric). Mais vous pouvez aussi refuser... et rentrer demain par convoi spécial. Faudra juste me dire si je dois rassembler vos morceaux dans une seule boite ou si vous préférez des colis séparés.
- Bon. On est nourris logés au moins?
- Bien sûr. De toute façon pas le droit de sortir de l'enceinte. En même temps ya rien dehors donc vous manquez rien.

A ce moment là la porte s'ouvrit laissant entrer Nikolaÿ, qui apportait le champagne et 3 verres.
Mademoiselle, monsieur, trinquons!

Nikolaÿ les conduisit dans ce qui serait leurs bureaux, une pièce dans le même goût que le reste. Béton, béton et béton, avec deux vieilles antiquités, probablement des ancètres des apareils dont on se servait au parti, mais qui semblaient tout de même branchés.
Et quand est-ce que vous nous amenerez notre materiel de travail? demanda Ningen. Nikolaÿ ne répondi pas. Kate lui répondi discrètement
C'est notre materiel de travail. Faudra que tu comprennes une bonne fois pour toute que tu étais privilégié au parti, tu avais sans arrêt la pointe de la technologie. Ailleurs c'est un peu plus long a arriver, et faudra t'habituer à ça.
- Tu sais t'en servir toi?
- Bah évidemment! Pourquoi tu crois que je t'accompagne!

Nikolaÿ les conduisit ensuite à leurs apartements, deux "chambres" contigües, une porte permettant le passage de l'une à l'autre.

Mais c'est charmant ici! Pitoresque, mignon tout plein! Dites moi Nicolas, où se trouve le jacuzzi?
La pièce était identique aux autres, sauf qu'elle était munie d'un matelas au sol recouvert d'un drap portant de grandes marques jaunes et d'une couverture de laine grise. La porte était en métal rouillé.
Au fond du couloir, après la salle de billard, lui répondi Kate.

Le boss veut son fric demain à midi. Je passerai vous chercher à 20h pour vous montrer le réfectoire. Là dessus il les laissa seuls.

- Chutt fit Ningen en mettant un doigt sur la bouche dès que la porte fut refermée. Ne dis rien surtout. Puis dans une étonnante chorégraphie il se mit à inspecter la pièce sous l’œil étonné de sa collègue. Au bout de quelque temps, il parut enfin satisfait :
- Aucun danger, ne t’inquiètes pas, ils n’ont laissé aucun micro ni caméra. Ils n’ont aucune idée de se qu’il se passe dans cette pièce.
Il y eu un instant de flottement…

- Hum… Pfffuiiii… J’suis crevé moi… dit Ningen en se posant lourdement sur la paillasse sale et nauséabonde qui traînait par terre. Confort de merde…
Il y eu un autre instant de flottement.

- Heu... Bon, alors voyons un peu ce qu’ils m’ont passé comme matos. Hum… Un 30XW612 avec un XPZ de 389 Gigas! Ben dis donc, ils avaient pas encore la technologie dodécaédrique à l’époque. Mouahahahaaa t’as vu ça Cat’ c’est un processeur BDS à variation interne. Ce truc a bien 20 ans… Je me demande si il marche encore… Voyons voyons, est-ce que je vais pouvoir faire quelque chose ? Pour l’allumer, c’est la.
- Vous avez l’air de vous y connaître en ordinateurs mon cher, s’étonnât Catherine de sa douce voix habituelle.
- Ma foi, j’ai quelques connaissances dans le domaine, faut avouer, j’suis pas trop mauvais… Je ne devrais pas avoir trop de problème pour faire ce boulot. Hu hu hu…

Y’avait pas à dire, Ningen le gonflait !

- Alors voyons… Bon ça n’a pas l’air trop compliqué… Oui, c’est ça… C’est une cryptographie par clé externe variable… Facile, on a fait ça en première année… Bon alors une petite procédure en Caml devrait pouvoir nous donner la clé… Tiens je vais l’appeler Catherine ma procédure dit-il en faisant un clin d’œil.
- Ohh! Comme c’est mignon répondit-elle avec un grand sourire. Ce résidu de fond de couille m’en ressort une comme ça je vais pas pouvoir me contrôler pensa-t-elle. Je l’assomme direct.
- Hu hu hu… Bon voyons… Match with… voila… les cas de bases… Ok pas de soucis... Bon… L’invariant de boucle… OK… Voila… Je fait ça… OK Ca m’a l’air bon… Tu veut vérifier Cat’ ? Non ? Vraiment, t’es sûre. Tu peut vérifier si tu veux, même si je peut affirmer avec une marge d'erreur négligeable que ça va marcher... Oui tu as raison, pour un truc aussi facile, il n'y a pas besoin de vérification. Bon, j’envoie le programme alors… Trois deux un go !

Il y eu un petit instant de silence.

- Alors ? Demanda Cat.
- Heu… Je ne comprends pas… Y’a écrit fatal error, vidage de la mémoire… Merde, le truc se formate !! C’est pas possible ! Ah ! Il s’est éteint finalement… Hum… Bon, je retente. Heu… Allez, rallume toi ! Allez ! Hum… il ne se rallume pas ....
- Ramollis de l'éponge cervicale hurla Catherine dans sa tête. Faites moi voir ça Ningent s'il vous plaitréussit-elle a dire calmement.

NON! Touche pas! C'est à moi! Alors surtout touche à rien et tu vas voir comme je m'en vais t'arranger ce léger incident en trois secondes. C'est juste une procédure de sécurité qui a du se mettre en route quand j'ai lancé mon programme sensé acceder aux comptes de l'autre blaireau. Il suffit de contourner les parefeux moyennant quelques astuces Bouchardesques... peut-être en passant par la zone tertiaire du setup...

Code:

Permission refusée

Kate le regardait d'un oeil amusé...

Ah merde il m'a eu ce con! Je vais tenter de rebooter en passant par le bios et de...

Code:

Permission refusée

Ningen commençait à s'énerver... Kate se demanda s'il était bien sage de laisser faire. Certains passages du psychodossier de Ningen à propos de crises commencait à lui revenir en mémoire.

PUTAIN IL ME FAIT CHIER CE PC! Aller on recommence... en créant un compte utilisateur fantome et en essayant de...

Code:

Permission refusée

Laisse moi faire Ningen!
Merde ça disait quoi déjà à propos de crises...

NAAAAAAAAAAAN CONNARD DE PC DE MERDE! TU VAS VOIR ENFOIRE! JE VAIS UTILISER LA METHODE RADICALE, ET TU M'EN DIRA DES NOUVELLES

Ningen se leva d'un bond, et commenca à prendre le visio-écran par les côtés, essayant de l'arracher du mur.

Ningen calme toi!
Ca y'est, ca lui revenait. C'était même écrit en gros caractères gras dans le dossier. "ATTENTION Sujet soumis à de rares mais très fortes crises de violence, le rendant incontrolable. A EVITER ABSOLUMENT.Ces crises font généralement suite à un élément perturbant son système neuronal."

Ningen, comme transformé, arracha l'écran du mur et le projetta contre la porte de métal qui se plia sous la violence du coup, tandis que l'écran volait en éclat.
Il jeta un regard agard autour de lui, et vis le gros bloc de métal qui contenait la biomémoire du pc.
A ce moment là, deux gardes alertés par le bruit ouvrirent tant bien que mal la porte completement tordu et entrèrent dans la pièce...

...pour voir un homme aux yeux injectés de sang qui se dirigeait d'un pas déterminé vers eux avec en main un fil électrique. Ce que les gardes ignoraient encore (mais ils ne tarderaient pas à le savoir), c'est que le fil en question alimentait quelque temps auparavant le PC qui avait servi à démolir la porte. Et bien sûr, tout le monde sait ça, les PC 30XW612 (avec un XPZ de 389, cela va de soi) constituait la première génération de PC alimentés sans transfo avec le secteur nouvelle norme a 12indy/s.K² (autrement dit environ 15kV).

Ils allaient déguster. Parole d'Orangina rouge.

Oh, vous, dégagez de là, bande de..., commença Ningen.
Du calme, folk, du calme, raisonèrent les gardiens, visiblement mal à l'aise et de moins en moins sûrs de la protection que leur procurait leur plasmo-shot-machine-gun de 3e génération à rayonnement inversé.
Je t'en foutrai, moi, du calme. Je vous préviens, je fais tout péter. Tout, je vous dis !!! Il va pleuvoir du sang par hectolitres, comme disait l'autre... Tiens, ducon, passe moi ton amre, ou je te crame !

Le gardien n'eut d'autre choix que de s'exécuter, car la proximité avec les étincelles du câble lui promettait assurément une mort douloureuse, rapide, certes, mais douloureuse.

Tiens, je me demande ce que ça fait si j'associe ce câble d'alim' avec ta pétoire obsolète....
Mais arrête, Ningen, cria Kathrÿn, tu vas finir par tous nous tuer.
Rien à foutre. Si c'est le cas, au moins je me serai bien marré.

Mais 20 heures approchaient, et Nicolaÿ arriva pour conduire comme prévu Ningen et Kate au réfectoire. Quelle ne fut pas sa surprise (et sa douleur, surtout sa douleur même) de recevoir une décharge fulgurante de l'arme que Ningen venait d'"inventer". Pulvérisé sur place, il s'effondra, son cri laissant place à une alarme, celle du pacemaker qu'il portait, et qui sonnait en cas de surcharge.

Bien joué, Ningen, avec tes conneries on va avoir toutes les peines du monde à sortir d'ici en un seul morceau, réussit enfin à dire Kate. Mais tant qu'à faire, autant en profiter, on va nettoyer ce repère avant de décoller. Comme ça, comme tu dis, au moins on se sera bien marré. Ou pas, si je finis en miettes.

Bon, il est où ce couillon de Budd, que je me le fasse, dit Ningen en sortant de la pièce, bien décidé à en découdre et à passer ses nerfs sur quelqu'un d'autre que Kate. Parce que bon, même enervé, il cogne pas sur les dames.
Pile à ce moment là, la surcharge locale provoquée par l'arme électrique de Ningen plongea le bâtiment dans le noir.

Lumière, cria Ningen. Merde, pensa-t-il, les commandes vocales ça marche qu'à l'agence...

men ba les couilles

Se reprit-il. Ces chybres claustrophobes allaient en prendre plein la mouille, la seule différence, c’est que ce serait dans le noir qu’ils allaient agoniser…

Ningen était en fait à ce moment là dans un état encore humain. Son cerveau dominait toujours en grande partie ses gestes, et même si ses connexions cérébrales dominantes le poussaient à la destruction violente de son environnement, il existait un certain contrôle de ses mouvements et ses pensées avaient encore une certaine cohérence… Ce n’était pas encore à proprement parler une crise au sens de l’agence, juste un petit état de folie passagère…

Mais malheureusement à ce moment la, le gardien qui s’était vu dérober son arme et qui craignait - à juste titre - une sanction sévère de l’Organisation pour cette erreur, voulu jouer les héros. La situation l’avait amené à se retrouvé allongé sur le sol à quelques décimètres seulement de Ningen qui ne se souciait plus du tout de lui. Profitant de cette situation stratégique, il saisit sa matraque électrique et en donna un coup à la puissance maximale dans les parties burnales. Ce fut sa dernière et sa plus grave erreur. On le retrouva la semaine suivante, lorsque les choses furent enfin revenues à un calme relatif, pendu au plafond par les testicules au moyen d’un cable électrique, le visage déformé par un rictus manifestant une souffrance inouïe.

La deuxième conséquence de cet acte irréfléchi fut la perte de contrôle de son corps par Ningen. La douleur intense qu’il venait de subir avait rompu tout lien avec la réalité. Sa perception des choses ne fut alors réduite qu’à quelque flashs. « Putain d’vietnam » dit-il d’une voix rauque en fracassant à l’aide du corps de Budd qui servit de bélier la porte de la pièce la plus proche. C’était la cuisine. « J’en voulait pas d’cte guerre » soupira-t-il en ouvrant la bouteille de gaz. « Sac à foutre ! Il n’auront pas l’Alsace et encore moins la Lorraine » rugit-t-il une main sur le cœur, mettant de l’autre la bouteille de gaz sur un chariot roulant qui traînait dans la cuisine. « Im a poor lonesome cowboy…» commença-t-il à chanter en envoyant rouler le chariot sur les gardes qui arrivaient en courant. « Aux chiottes l’arbitre !» s’emporta-t-il en envoyant avec une violence extrême la matraque électrique crépitante sur la bouteille de gaz devant les yeux écarquillés de Kate...

La déflagration fit un bruit assourdissant, pulvérisant les gardes en petit bouts rouges et humides. "Putains, les Japs! A couvert!" fit-il en se jetant par terre, les mains sur la tête.

Kate était affolée, observant terrorisée Ningen qui partait totalement en couille. "Oh putain oh putain oh putain"

Des lumières rouges clignotantes s'étaient allumés, et une sirène hurlait. L'ambiance était devenu glauque style film d'horreur.

Une fois les débris humains retombés, Ningen se releva, et reparti au pas de course, en hurlant. Kate le suivait tant bien que mal.
"Monjoie! Saint Denis!" Il se saisi d'une chaise de métal. Les quelques gardes qui se retrouvaient tout à coup en présence de Ningen étaient les plus chanceux : ils n'avaient pas le temps de comprendre se qu'il se passait, leur crâne ayant déjà été fracassé depuis belle lurette. Les moins chanceux étaient ceux qui le voyait arriver de loin, couvert de sang, hurlant, massacrant à coup de chaise (ils découvraient pour la première fois à quelle point une chaise de métal pouvait se révéler dangereuse, et se juraient de ne plus jamais en avoir). Ils le voyaient par intermittance, à chaque fois que la lumière rouge s'allumait, et il apparaissait toujours plus près. Ils étaient généralement pris d'une peur épouvantable qui les paralysait sur place. Ils assistaient alors impuissants à la frénésie qui emportait Ningen et qui allait leur couter la vie.
"Que trépa si je faibli!"
Généralement à se moment là ils sentaient une douleur fugace, puis plus rien... le noir complet.

Ningen parcourait ainsi les couloirs, ne trouvant généraement aucune résistance. Lorsque qu'un garde avait le malheur de réussir à le toucher à l'aide de son rayon tera-termique, Ningen s'occupait particulièrement de lui. Il commençait par utiliser l'arme sur les testicules de la victime (les testicules intervenaient souvent dans les méthodes de torture de Ningen, remarquait Kate. Il serait d'ailleur interessant de faire une analyse d'un comportement en cours de scène de torture, ça pourrait révéler plein de choses sur la personnalité du bourreau. Il faudra qu'elle en parle au boss). Puis selon une méthode marvesque il lui coupait les membres un à un (tranche par tranche quand il avait le temps), avant de le laisser agonisant, pendu par la taille.

Kate, cependant, commençait à se sentir mal. Reconnaissant un passage vers la sortie, elle laissa Ningen jouer à Doom et remonta vers la surface. Lorsqu'elle croisait des gardes, elle leur criait affolé qu'un fou furieux était en train de tous massacrer en bas, et qu'il fallait des renforts. Avec ses habits couverts de sang et son visage terrorisé elle n'avait aucun mal à les convaincre. Elle parvint ainsi jusqu'en haut, et s'allongea dans l'herbe pour attendre Ningen.

Pendant ce temps, celui-ci continuait son parcours, se rapprochant sans se douter de la salle des explosifs...

...qui était pourtant clairement indiquée : "alfa canal historique HQ - strictly forbidden access".
"Qu'est ce que c'est que ce souk ?" pensa Ningen. "C'est tout de même pas un mouvement corse inexistant depuis des décennies qui va m'empêcher de foutre la merde !", conclut-il en envoyant un roquette de l'arme qu'il avait "confisquée" à sa dernière victime en direction de la porte blindée.

Le choc eut simplement pour effet de projeter Ningen au sol, et la déflagration lui écorcha le visage. Mais la porte n'avait pas bougé d'un iota.

"Ca va, Ningen, t'es encore connexe. Debout, vieux machin, cette porte va pas foutre le camp toute seule", dit-il en se relevant. Et en envoyant une seconde décharge de roquette protonique à l'élément 115 appauvri.

La porte ne bougea toujours pas... mais plus fort, cette fois. Tellement fort qu'après 5 minutes d'acharnement de la part de Ningen (heureusement pour lui, les renforts arrivaient régulièrement et lui permettaient de ne pas tomber en rade de munitions), la porte finalement s'effondra.

Sur Ningen.

Celui-ci reprit suffisament rapidement ses esprits pour ne pas finir submergé par les gardes, mais son état second avait disparu, laissant place à une épouvantable migraine.
"Où suis-je ?", parvint-il à articuler.
Mais Ningen avait été formé pour ça, ses réflexes de bon agent de bureau ne le trahissait jamais. Malheureusement pour lui, il n'était pas agent de terrain. Encore une fois, c'est sa chance légendaire qui allait le sauver...

Une déflagration titanesque eut lieu avant qu'il n'ait eu l'idée saugrenue de s'extraire de sous la porte. C'était celle des charges les plus proches dans la salle des explosifs. Les gardes furent projetés deci, delà. Une deuxième, puis une troisième, et enfin une quatrième explosion achevèrent de vider l'arsenal de son contenu pyrotechnique. Et de vider les couloirs des derniers gardes arrivants...

"Pas mal, pour un seul homme", songea Ningen. "007 n'aurait pas fait mieux."

S'extrayant du dessous de la porte salvatrice, il se demandait, tout en entrant dans la salle des explosifs, pourquoi les murs tenaient toujours. Et forcément, quand on pense ce genre de chose, le moment où les murs commencent à craquer n'est jamais bien loin. Ici, ce moment excéda à peine 3 secondes. C'est alors que Ningen avisa un couloir au fond de la salle, et se dit que, perdu pour perdu, autant tenter sa chance par là. Bien lui en prit car au delà de ce couloir, les murs étaient en béton nanotechnique, quasiment indestructibles, du moins pas par des explosifs conventionnels archaïques comme ceux qu'on trouvait en Roumanie occidentale.

Au fond du couloir, une voix féminine sortie d'un interphone lui dit posément :"Viens, Ningen, tu as sans le savoir parfaitement rempli la mission qui t'a été confiée, maintenant, tu vas pouvoir faire équipe avec un véritable agent : moi."
Cette voix lui était étragement familière. Et pour cause : l'agent en question se tenait au bout du couloir obscur, et n'était nulle autre que.....






























Salÿ !

Les après-crises… Ningen détestait ces moments la. Autant la crise elle-même était plutôt agréable quelque part. Elle le mettait dans un état secondaire de fureur et le défoulement était assez jouissif, fallait l’avouer… même s’il oubliait à chaque fois ce qu’il s’était passé…
Mais l’après-crise… Le mal de tête… La bouche pâteuse… Une vision floue et incontrôlée…A coté, l’état de migraine apporté par 1.5 L de vodka à 5 euros 20 était un état de bien être inouï. Il avait l’impression qu’une poutre de béton s’était incrustée dans son crâne et qu’un batteur fou jouait du djumbé dans chacune de ses orbites oculaires.
A chaque crise, il lui fallait quelques heures pour récupérer. Et pendant ces quelques heures, il était très sensible à toute vibration sonore plus importante que celle d’un froissement de feuille… Et le principal souci était que cet état le mettait de très mauvaise humeur…

« Ah merde, c’est Saly » se murmura Ningen à lui-même. « Comment se fait-il que… »
Et c’est à ce moment là qu’une sonnerie stridente se déclencha.
« Rhaaaa… » grogna Ningen
« Par là, vite ! Dépêches toi » dit–elle d’un ton autoritaire que Ningen ne lui connaissait pas.
« RHAAAAA… »grogna Ningen, tout en décidant à travers le brouillard de sa perception du monde de suivre sa douce Saly dans les couloirs du bâtiment, parfois gravement abîmés par la quadruple explosion, parfois encore dans un état correct. Une fois ayant rejoint Kate dehors, il pu constater l’amplitude des dégâts. La base avait été soufflée par l’explosion et le bâtiment principal n’était plus qu’un immense tas de gravats.
« Ben mon cochon… » lui dit Kate qui contemplait elle aussi la zone dévastée… « Ils ont bien pris cher ! »
«Ouais… Je sais pas qui a fait ça, mais c’était pas très gentil… Et quelle est la suite du programme maintenant ? » demanda Ningen en se tournant vers Sally.« Mais d’abord, comment se fait-il que tu soit là ? Hein ? J’y comprends rien moi… Les deux sœurs agent secret. On aura tout vu, nom d’un sac à foutre ! »
« Et bien, c’est un longue histoire vois tu. Déjà quand on était petite, papa… » commença Kate
« On verra ça plus tard » trancha Sally « Faut d’abord qu’on se casse d’ici… Et l’autre abruti qui a fait exploser l’avion avec lequel on devait partir. Va falloir qu’on prenne une de ces jeeps… »

Et quelques minutes plus tard, le trio disparaissait dans les prairies environnantes, ne laissant derrière lui qu’un tas de gravats, un nombre cruel de cadavres et une consternation sans bornes… Les secours essayaient tant bien que mal d’éteindre l’incendie qui s’était déclenché et qui faisait un immense nuage de poussière noire…

Sally sortit une carte…
« C’est la que ça devient intéressant » dit-elle.
Au même moment, la roue avant heurta violement une pierre un peu trop tranchante et le pneu explosa...

Nom d'une couille de chameau! s'écria Ningen.

Merde!, s'écrièrent Kate et Sallÿ d'une même voix.

Bite crut entendre Ningen.
Voilà t'y pas que les pneus commençait à se rebeller aussi! Nom d'un kimono, ça n'allait pas se passer comme ça!
"Allez, femelles! Changez-moi cette roue, et plus vite que ça!"
C'est vrai quoi! C'était toujours aux mecs de se taper le sale boulot! C'est comme la base détruite! Bien qu'il n'en ait aucun souvenir, il se doutait bien qu'il avait dû y prendre part. Et vu le tas de ruine fumant qu'il en restait, la part en question ne devait pas être négligeable. Et puis il avait fini par remarquer qu'après ses crises, son environnement n'était généralement plus trop en état, comme si une tornade tropicale s'abattait à chaque fois. Sa conclusion était donc qu'il devait probablement être légèrement responsable, puisque les tempêtes tropicale détruisait d'habitude toute une ville, et pas seulement le bâtiment où il se trouvait.

Bref.

"Femelles! Je n'vous vois pas travailler!"

Effectivement, les femelles en question s'étaient tout d'abord regardés visiblement surprises, puis s'étaient approchés de lui d'un air mauvais.

"Euuuuuh.... Mesdemoiselles, s'il vous plait...??"
...
"Chérie?"

En deux temps trois mouvement il s'était retrouvé en calbute sur la plage arrière, mains liés, et bâillonné.
Bon. Comme quoi il valait mieux fermer sa gueule de temps en temps, surtout face à deux soeurs visiblement susceptibles.

Cependant deux jeeps, contenant chacune son taff de gardes lourdement armés, s'approchaient. Ca tombe bien, elles avaient la flemme de changer la roue. Sallÿ, sous les yeux surpris de Ningen, sorti un Desert Eagle .50 de son jean, et dégomma le conducteur de la jeep la plus proche, qui partie se planter dans le gros rocher qui s'était justement placé, après le coup de volant, sur sa route. En voyant celà, l'autre jeep ralenti.
Mauvaise idée... Ceci permis à Kate, qui venait de sortir son flingue, et Sallÿ d'ajuster leur coup, et 4 balles suffirent à envoyer 4 gardes rejoindre leur copains. Restait le chauffeur, sans arme, dont le sourire sadique s'était transformé en une grimace de peur. Voyant qu'elles ne tiraient plus, il s'arrêta devant elles, et leurs tendit les clés, avec un gros sourire.

Sallÿ les pris d'une main, lui explosa la tête de l'autre, tandis que Kate transvasait Ningen sur le nouveau véhicule.

"Ca, c'est fait! Mais on en revient au même point", dit Kate en regardant la carte.
"C'est là que ca devient intéressant"

...répéta Salÿ.
"Ecoutez ça. Si pour une fois l'agence a réussi à mettre la main sur une carte locale un tant soit peu correcte, l'aéroport le plus proche et non désaffecté, ça va de soi, est à plus de 300km ancienne échelle, dans des sentiers de merde tout le long. Avec le reservoir de cette Jeep et en siphonant l'autre, on devrait pas avoir de problème de carburant. Sauf impair de la part de certains (suivez mon regard), on devrait y arriver avant la nuit. Si tout va bien, on est de retour à l'agence pour le débriefing à l'heure du café. Tu prends le volant, frangine ?"

Ningen, toujours baillonné à l'arrière, était tout simplement bluffé par les qualités tactiques dont sa fiancée (du moins la considérait-il toujours comme telle), qualités qu'il n'avait lui même que très peu développées.

Les cahots de la route était violents pour la colonne lombaire de Ningen, mais Kathrÿn prenait un malin plaisir à amplifier toute irrégularité du parcours.
"Ca lui apprendra un peu à fermer sa gueule de temps en temps", pensait-elle. "Non mais pour qui il se prend, ce phallocrate avec ses grands airs ? D'accord, il était beau garçon. D'accord ses sautes d'humeur ont à son insu un effet positif sur les missions qu'on lui confie. D'accord, il va peut-être devenir mon beau-frère. N'empêche qu'il a tort de me prendre pour une conne. Mais qu'est-ce qui t'arrive, Kat ? Tu débloques ? T'es pas en train de devenir amoureuse par hasard ?..."

"Hé, soeurette, j'te cause !", l'interrompit Salÿ.
"Pardon ? Ah oui, le chemin de gauche, c'est ça ?"
"Mais kess tu racontes ? Non, je disais juste que faudrait éviter de faire exprès de prendre toutes les bosses, non pas que je me soucie de la santé du saucisson sur la banquette arrière - encore que -, mais ce serait con de péter encore un pneu. On est pas spécialement en avance."

A cet instant, un flap-flap lointain vint interrompre la remarque de Salÿ. Un hélicoptère était sur le point de les rejoindre. Décidément, la partie s'annonçait plus corsée qu'elle n'en avait l'air.

"Merde ! Bon, on passe au plan B. Kat, détache Ningen, et rends lui ses fringues. Aussi absurde que ça puisse paraitre, je pense qu'on aura un besoin conséquent de son aide. Au fait t'as toujours ta fameuse ceiture-câble ?"
"J'en ai même trois, la nature est bien faite, non ?", ironisa Kathrÿn, en enlevant les liens de Ningen.
"Pas faché d'avoir les mains enfin libres", s'exclama celui-ci. "On a besoin de moi, ai-je cru comprendre ?"
"Commence pas et mets cette ceinture. Je crois que je commence à comprendre le plan de ma soeur."

Ce plan était simple : les ceintures comportaient 50 mètres de filin ultra-résistant qui pouvaient se dérouler en se dirigeant vers une cible verouillée quelquonque, même en mouvement. Ici, il s'agissait bien évidemment de l'hélico. Le plus dur consistait à le laisser approcher sans se faire dégommer pour autant.

"Ils sont suffisament loin encore. Planquez vous", dit Salÿ, "si je fous le feu à la caisse, ils nous croiront peut-être morts et approcheront plus près."

Effectivement, rien n'est plus idiot qu'un équipage d'hélicoptère, et quelques instants après, il venait se stabiliser au dessus de la carcasse fumante de la Jeep.

"MAINTENANT !!!", cria Salÿ.
Ainsi fut dit, ainsi fut fait. L'équipage originel de l'hélico tint à peine plus de 20 secondes...
"Bon, Ningen, à toi, maintenant. Tu m'avais bien dit qu'étant jeune, tu savais piloter ces engins archaïques avant qu'on invente les vrais hélicos. C'est le moment de le prouver."

Ningen s'exécuta. Il avait en effet de beaux restes de pilotage de tous types d'aéronefs antérieurs à la réforme aérotechnique, autant dire qu'il lui était aussi facile de piloter cet engin que pour un marseillais piloter un scooter volé.

"Tu as des bons moments", lui glissa gentiment Salÿ au creux de l'oreille. "C'est pas souvent, mais tu en as quelquefois...", conclut-elle en l'embrassant.

Unplein d'essence à l'aéroport desormais tout proche et une nuit de pilotage plus tard, ils arrivèrent tous trois pour le débriefing, à l'heure du café, comme prévu...

Le patron semblait soucieux ! Tout en lisant le rapport tapé par Cat’, il tortillait sa moustache et mâchait nerveusement son stylo… ce qui agaçait au plus haut point Ningen dont la raison était un peu dérangée depuis sa dernière crise. Il avait des passages du trajet du retour dont il n’avait aucun souvenir mais qui l’inquiétait légèrement cependant : un accident de voiture et il se retrouvait attaché à l’arrière d’une jeep qu’il n’avait jamais vu… Un flash plus loin et il se retrouvait en train de piloter un hélicoptère… Et pire, malgré tout ses efforts, il n’arrivait pas à se rappeler de la montée dans l’ascenseur de l’Agence pour arriver jusqu’au bureau du patron. Décidément, il ne s’était toujours pas remis de la crise qu’il soupçonnait avoir eu… Ni Cat’, ni Sally n’avaient voulu aborder le sujet.

Le patron l’interrompit dans ses réflexions en jetant le dossier sur la table.

- « Mais merde, on vous demandait un peu de doigté dans cette mission. C’était une mission d’infiltration, pas une opération de destruction massive ! Ningen, tu peut pas essayer de te contrôler des fois ? Une telle violence… STUPEFAIT ! Je suis stupéfait ! Je tiens à vous signaler qu’on a jamais vu de tels dégâts avec si peu d’agents et en si peu de temps dans l’Agence !
Catherine, Sally ! Vous pouvez pas essayer de contrôler un peu l’énergumène qui vous accompagne ? » Il soupira…

- « Quand à toi Ningen… » Il le regarda dans ses yeux vitreux, puis détourna le regard, l’air légèrement détabilisé
- « Oui patron ? » demanda l’interressé
Le patron soupira à nouveau. « Non rien » dit il. Puis il resta pensif pendant quelques instants, et au moment où Ningen allait prendre la parole, le patron se leva. Il semblait avoir pris une décision.

- « Bien, puisque la notion même de subtilité semble vous échapper, je vais vous donner une mission tout ce qu’il y a de plus simple… Non non non, vous prendrez des vacances après… Veuillez prendre note, je vous prie… »

- « Donc je disais, une mission simple, enfin j’espère que je ne vous surestime pas, parfois je me demande si vous n’avez pas quelque chose en moins…
Je vous demande simplement de récupérer un document, qui, je ne vous le cache pas, a une certaine valeur pour moi, presque autant qu’un certain kimono, enfin bref…
Pour cela il faut que vous vous rendiez chez un certain Rochard, voici le plan.
Evidemment vous n’irez pas seul, j’ai bien trop peur que face à certains évènements vous deveniez aussi efficace qu’un moineau avec des couilles atrophiées !Donc Catherine et Sally vous accompagneront et j’espère qu’elles sauront mieux faire usage de leurs astuces pas si terribles jusqu’à présent … »

- « Mais je croyais qu’on avait fi… », Sally fût interrompue aussitôt.
- « Ah parce que vous croyiez que vous méritiez des vacances ! Avec un tel boulot ! Même Gauss à 2 ans aurait fait preuve de plus de jujotte que vous ! Donc pas de discussion petite fourbe !Vous croyez m’avoir avec vos sourires mielleux !Niet ! »

Sally fit une sale mouille, et regarda sa sœur en espérant une riposte, mais rien. C’était sûr ce boss la gonflait, tôt ou tard elle exploserait…Mais pas maintenant, il fallait qu’elle cogite pour savoir comment lui en faire baver à ce bouffon !

- « Vous disposez à partir de maintenant de 14h16 pour effectuer cette mission, et pas une minute de plus. Rendez-vous demain même heure, même lieu. Et essayez d’éviter la boucherie cette fois… »

Sullivan les regarda sortir, et attendit que la porte soit refermée pour esquisser un sourire.
Décidément, Ningen était vraiment une recrue de choix. Ses prédécesseurs avait bien fait leur boulot, en le recrutant 4 ans auparavant. Il avait été mis sur la touche au début, mais à présent les missions entrant dans ses capacités affluaient. Ses crises le transformaient réellement en machine de guerre idéale. Lorsqu'une mission nécessitait un nettoyage au carcher, il serait l'homme de la situation. Le plus dur était bien sur d'inventer des scénarios abracadabrant pour l'envoyer en mission sans qu'il se doute du réel objectif, tout en s'assurant qu'une crise se déclenche... mais cela finissait par payer. Le nettoyage de la base sous terraine de Budd avait été un franc succès. Budd commençait à être dangereux, voire une menace potentielle pour le partie, et envoyer un commando aurait été trop couteux en homme et financièrement. Le choix de Ningen s'était imposé, et le résultat avait été immédiat. Similaire aux bombes atomiques envoyées par les ricains sur ces foutu japs (il se rappelait ces détails des cours d'histoire pré-fusionelle). Kate et Sallÿ étaient essentielles pour les après crises. Mais il avait quelques scrupules à les envoyer sans qu'elles soient au courant de la vrai mission. Elles allaient commencer à se rebeller. Il nota dans son mémo-agenda : Mettre au courant les gonzesses.

Cette fois la mission était relativement simple... Prendre d'assault la forteresse de Rochard. Mais le déclencheur avait été très compliquer à mettre en place... d'où cette histoire de document à rapporter. Enfin il allait le découvrir par lui-même.
Il ajouta dans son mémo-agenda : Demander un rapport complet à Sallÿ sur l'évolution des crises.. Il valait quand même mieux s'assurer qu'elles n'évoluent pas dans un mauvais sens. Si par exemple la durée de chaque crise augmentait au fil des missions, Ningen pourrait finir par rentrer au bercail tout casser, une fois la mission accomplie... Sullivan en frissonna.


-"C'est qui, ce Rochard", demanda Ningen à Kate.
-"Oulà. C'est du gros gibier. Un expert en armement haute technologie (il a une belle collection de prototypes chez lui). Sans oublier sa ceinture noir 7ème dan de judo (voire plus). Jusqu'à présent, on l'avait laissé tranquille, puisqu'il nous ravitaillait en technologie de pointe. C'est un maître dans l'art de trouver de nouvelles astuces militaires aux conséquences terribles.
- Le problème, poursuiva Sallÿ, c'est qu'il a récemment monté sa propre section armée, le MP (Major Prépuce), qui est en concurrence avec le parti. Du coup, on se retrouve avec un retard technologique face à eux, et s'ils venaient à se retourner contre nous, nous aurions de gros problème. Pour l'instant ils ne sont pas assez puissant... Mais leur maître est un leader hors pair.
- Mouais... Quoi qu' en dise le boss, vaudrait mieux le dérouiller une bonne fois pour toute!

Ils passèrent se ravitailler en armes. Ningen, qui d'habitude se contentait d'un modeste colt 45, choisi en plus quelques une de ses grenades à la forme un peu étrange. Elles se trouvaient dans une armoire d'ordinairement fermée à clé qui se trouvait un peu à l'écart. Quelqu'un avait du oublier de refermer.
C'était une mission d'infiltration... mais on sait jamais. N'osant pas demander à Kate quel genre d'explosion ca faisait, histoire de ne pas passer pour un con, il en pris 3 qu'il glissa discrètement dans ses poches.
Les filles se réalimentaient en munition de D-Eagle... elles préféraient le .50 Action Express aux autres calibres (c'est plus impressionnant pour les adversaires, quand ils voient les têtes de leur collègue exploser, disaient elles en riant).

Le ravitaillement terminé, ils se dirigèrent vers leur nouveau moyen de transport : un cougard antigravitationelle à flux inversé, le dernier cri pour les arrivées discrètes lors des missions spéciales

"Je prends le volant", dit Ningen.
"Ca se voit que tu sais piloter que les engins archaïques", lui fit remarquer Kathrÿn, alors que Ningen prenait place à ce qu'il croyait être la place du conducteur, et qui était en fait dépourvu de volant. "C'est un cougard à commande vocale, Ningen...."
"Chez Rochard !", dit alors Ningen.
"D'abord tu me dis bonjour, humain stupide.", lui rétorqua la machine.
"Bon, chéri, laisse faire les pros, tu vois bien que tu saurais pas faire fonctionner la radio de mon p'tit bijou..."
"Salut Salÿ, bon, on va où l'autre abruti a dit ?"
"Le provoque pas quand même, Kitt.", répondit Salÿ.

A part cette anecdote sans trop d'importance pour la mission à proprement parler (sauf évidemment pour la santé mentale de Ningen), le voyage se déroula sans encombre, et les trois agents arrivèrent bientôt en vue du domaine isolé de Rochard.
Celui-ci habitait en haut d'une montagne, à côté de nombreux abris de bus d'avant la réforme fusionnelle. Son hobby principal était très terre-à-terre : l'élevage de sa propre nourriture, les moutons. Pafnouti, car c'est ainsi qu'il se prénommait, dénigrait la consommation d'éthanol et de viandes impures telles que le porc. Ses passions étaient ses moutons, les randonnées que son habitat pouvaient lui procurer, la mathématique aussi. Et plus récemment, son armée, la MP, dont la section d'élite, la redoutée MPCh0506 comportait des éléments d'exception.
A ce sujet, le boss avait fait un post briefing avec les filles, leur indiquant qu'il serait intéressant de débaucher quelques uns (pourquoi pas tous) de ces êtres suprêmes, car même s'il resteraient toujours fidèle à ce qu'il appelaient la 5/2spirit de la MPCh0506, ils pourraient être utiles à l'agence pour les missions les plus risquées.

"Bon, Ningen, ça va être à toi. Tu te souvins de ton texte ?", lui demanda Kat'.
"Ouais, ouais, le mot de passe, c'est : bonjour maître, j'ai une astuce terrible à vous communiquer.. puis là j'improvise", répondit Ningen du tac au tac.
"Ca devrait le faire, alors."

Ningen se dirigea donc, d'un pas calme et déterminé vers la lourde porte en chêne, et frappa trois fois.

"Qui ose ?!?", entendit-il en écho de sa requête....

« Bonjour maître… Heu j'ai… heu…j’ai une astuce terrible à vous communiquer », déclara Ningen d’une voix moins ferme qu’il ne l’aurait voulu.
« Une astuce terrible vous dites. Hum très bien, mais je ne crois pas en avoir besoin. Cependant, dites toujours votre astuce après vous être présenté, ce qui était je vous le rappelle de thème de ma première question» répondit la voix
« Humm… Heu heu…Vraiment ? Merde… Putain, je dis quoi ? » Ningen commençait à paniquer légèrement, il était très mal à l’aise et les choses ne se passaient pas comme prévu.
« Bah improvise » lui répondit Cat.
La voix reprit calmement mais fermement cependant.
« Veuillez m’excuser jeune homme, mais je ne comprend pas très bien en quoi consiste votre requête. Soyez plus clair je vous prie, et n’essayez pas de me bluffer, vous n’y arriverez pas. En ce lieu, nous recherchons clarté, précision et véracité dans les propos et les raisonnements, cela permet de faire de grandes choses. J’espère que vous comprendrez cela un jour… »
Une goutte de sueur coula le long du front de Ningen.
« Et bien heu… hum… Voila… J’ai trouvé un vieux morceau de gâteau avec des poils sous mon bureau… p'tet que si j'enlève les poils... »

Il y eut un silence pesant.
« En effet, la métaphore est subtile, mais c’est très bien vu. J’avait réfléchit à la question il y a quelques années, et j’avoue ne pas avoir pensé à creuser dans cette direction. Hum… Ca peut marcher. Ecoutez, entrez, j’arrive dans une dizaine de minutes, j’ai en ce moment quelques petits trucs à faire. Vous pouvez patienter dans la cour d’entrée. »
Sous les yeux surpris des trois aventuriers, la porte s’ouvrit. Elle donnait sur une grande cour. Quelques moutons broutaient nonchalamment l’herbe verte, une chèvre gambadait à quelques mètres de là.

« Vous avez déjà entendu parler de l’attaque du super mouton volant » demanda Ningen ?
« Parce qu’il me semble avoir déjà entendu un truc comme ça, mais je ne sais plus où » continua-t-il.
Cat et Sally semblaient impressionnées par l’endroit qui dégageait une puissance cachée et s’avancèrent dans la première cour intérieure.
« J'ai l'impression que vous en avez rien à foutre quand je parle » commença à s’impatienter Ningen.
« D’accord » répondit Sally
La nervosité de Ningen commençait à augmenter, mais il sentait au fond de lui-même que ce n’était pas le moment de perdre le contrôle de lui-même, les conséquences en seraient catastrophiques. Mais ces deux biatches ne l’écoutaient pas, enfin, elles ne semblaient pas l'écouter et il était primordial qu’elles écoutent ce qu’il disaient.
« Non, mais vous m’écoutez la ? »demanda-t-il
« OK » répondit Cat.
« Bon, ça reste entre nous, mais moi le piment me fais mal à l'anus quand je chie… »
Peine perdue, elles semblaient hypnotisées par la silhouette en blouse blanche élégament attachée par une ceinture d'un noir ébenène qui se rapprochait ...

L'homme qui s'approchait était grand, élancé. Ses cheveux grisonnant assortis à des yeux d'un bleu pur et son sourire enjoleur dégageaient un étrange sentiment de sérénité, de sasiété, de satisfaction. On se sentait heureux. Tout simplement. On n'avait plus qu'une envie : s'assoir et discuter avec le maître, se laisser bercer par ses paroles, envouter par ses gestes.
Kate et Salÿ esquissaient un sourire béat, totalement subjuguées. Ningen, en revanche, paraissait déstabilisé. Il semblait réagir différemment à l'aura que dégageait Pafnouti, comme si son esprit refusait de se laisser aller au plaisir et à la plénitude. Un effort de concentration le fit réagir et il reprit ses idées. On était en mission, bordel de merde, pas là pour rigoler! Fallait bien que quelqu'un reprenne en main la mission, et c'est pas ces deux biatch en chaleur qui allaient s'en occuper!

Le maître arriva près de Ningen. Il sembla légèrement surpris de voir l'air grave de Ningen, comme s'il ne s'attendait pas à ce que quelqu'un résiste à son charme, puis, d'un haussement d'épaule, considera avec un sourire les deux filles.

"Qui sont donc ces jolies demoiselles?" demanda-t-il à Ningen, sans détourner son regard de Kate et Salÿ.
Ningen pris un air sérieux. "Je me présente : Edmond Nicolas Laguerre. Je suis chargé par le parti de préparer une salade de riz pour 20 personnes dans votre cuisine. Mes assistantes, Sofia Kovalevskaya et Sophie Germain, veront avec vous la recette.
- Vous pouvez m'appeler fifi", dit Kate mécaniquement. Son cerveau semblait integrer ce que racontait Ningen, mais elle ne pouvait se détacher de l'aura du maître.
"Vous aimez parler par métaphore! Soit. Voyez avec ma belle fille pour les équipements antihermitien. Je pense qu'on devrait en avoir 20. Par contre j'ai pas de fusil à radiation longues dans la "cuisine". Mais on pourra vous les livrer. Je vous laisse, je vais discuter business avec les demoiselles, voir qu'elles avantages elles m'offrent."

Rochard s'éloigna, suivi de Kate et Salÿ, et entra dans une sorte d'abri fait de planche situé sur le bord de la propriété. Ningen se dirigea vers la demeure, ou l'attendait une jeune fille (sans doute la belle-fille en question).

Bon, me voilà débarassé de ce soit disant terrifiant Rochard. Je pense qu'avec ces deux biatch il devrait rester occuper un bon moment. Il suffisait en fait de trouver sa faille. Reste plus qu'à me débarasser de la nouvelle, filer trouver ce putain de bout de papier et me barrer en vitesse. Ah oui, faut aussi que je teste ces ptites grenade bizarre voir ce que ca donne. Les ptites joies du métier... tester des trucs qui font boom et voir combien boom ca fait...

« Bonjour mam’zelle ! C’est bien vous la belle-fille dont m’a parlé Rochard ? »
« Ouais. J’vous préviens, essayez pas de me faire du charme comme ce péteux de Rochard, j’suis rodée maintenant ! »
« C’était pas dans mes intentions…J’veux juste un fusil à radiations, vous avez ça ? Si vous en aviez un à radiations noires ça m’arrangerait d'ailleurs… » demanda Ningen en esquissant un sourire rochardesque…erreur fatale !!
« C’est ça et puis quoi encore ? Le fusil à radiations il est dans la brouette… » répondit-elle en mastiquant son chewing-gum goût pastèque.
« Quelle brouette ?! »
« Vous voyez le sommet dans le brouillard ?» dit-elle en le pointant du doigt. « Y’en a pour 500 CdM, ie 4 voire 5 heures de marche » continua-t-elle tout en esquissant un sourire dévoilant sa fierté de dominer la situation.
Cette attitude exaspérait Ningen plus qu’autre chose, « quelle biatch celle-là aussi » , il tourna les talons.
C’est alors que la belle-fille reprit : « Mais si vous préférez, étant donné que ce Rochard m’insupporte surtout quand il met ses doigts dans ses cavités nasales, mais bon passons…, je ne vais pas hésiter à le trahir ne serait-ce qu’epsilonesquement, donc je vous informe qu’on dispose d’un fusil à radiations noires, il se trouve dans l’abri où discute actuellement Rochard avec vos collègues…Enfin, moi je dis ça, je dis rien, à vous de voir… »
Sans dire merci, Ningen se dirige vers l’abri. Il aperçoit alors la main de Rochard sur l’épaule de Cat « Eh ben, perd pas de temps celui-là ! » et entend alors :